Le handicap, un échec ?

Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame – 6 février 2024

Une discussion avec un papa d’un jeune de 15 ans handicapé mental m’a récemment bouleversée. Il me confiait : « Je vis le handicap de mon fils comme l’échec de ma vie ». Et il ajoute : « Pas facile à dire ». Je ne pouvais imaginer chez cet homme dynamique une telle souffrance, un tel poids qui pèse depuis 15 ans. En réalité ils sont nombreux, ces papas habités par des sentiments qu’ils n’osent pas toujours avouer. Le mot échec est fort et le silence qui s’y rapporte, lourd. Quand le handicap fait effraction dans une famille, on sait que le chemin vers un consentement est long et parfois trop difficile. La société n’est pas tendre avec le handicap ou la vulnérabilité. Elle participe sans doute à faire émerger des sentiments comme celui de ce papa. L’annonce mi-janvier dans les journaux du terrible suicide de ce papa désespéré avec sa fille handicapée nous rappelle la fragilité de ces aidants familiaux trop seuls. Les initiatives de l’OCH pour accompagner les proches aidants et leur donner un espace de parole sont des soutiens précieux à faire connaître largement.

Simon : Rappelez-nous quelques propositions de l’OCH.

L’équipe Ecoute & conseil qui écoute et accompagne, toute l’année, les personnes qui ont besoin d’un soutien ponctuel ou sur la durée, « parole de père » un groupe d’échanges fraternels pour les papas franciliens, les randos des papas, la journée pour les aidants dont on reparlera sans doute dans les semaines à venir… on trouve sur le site de l’OCH www.och.fr l’ensemble de ses actions. D’autres initiatives peuvent aider des papas. Je pense par exemple à la marche Saint Joseph qui ouvre des groupes aux papas concernés par le handicap. La marche, la prière, la convivialité aident les papas à se livrer.

Simon : Ouvrir un espace de parole, c’est la solution pour dépasser ce sentiment d’échec ?

Hal Elrod, auteur et coach, écrit dans un de ses livres : « Laisse aller ceux qui t’abattent et entoure-toi de ceux qui font ressortir le meilleur de toi ». C’est peut-être ce qu’apportent toutes ces initiatives. Un espace fraternel où, en confiance, on peut se dire et partager. Quel que soit le moyen, il s’agit de permettre aux papas de cheminer. Maxime Pawlak, entrepreneur, musicien touche-à-tout et papa de 3 enfants, dont Faustine, 6 ans, porteuse d’une anomalie génétique, a choisi la musique pour exprimer ce que l’annonce du handicap a produit chez lui et dans son couple comme bouleversement intérieur. Il dit dans une interview à Ombres et Lumière : « On a eu le sentiment de faire 10 ans de philosophie en quelques semaines. Le handicap de Faustine nous a brutalement connectés à notre vulnérabilité, une dimension qu’on ignore habituellement ». Maxime en a créé un spectacle musical « Ainsi soit-elle » qui raconte sa vie avec le handicap pour rejoindre les personnes concernées et pour sensibiliser ceux qui ne le sont pas. Il se produit dans quelques villes de France comme le 15 mars au Palais de l’Atlantique à Bordeaux. Les papas pourraient se reconnaître dans ce témoignage musical tendre et joyeux. Vous le voyez Simon, il existe de multiples façons pour les papas d’exprimer ce qui habite leur cœur d’homme, l’OCH s’efforce de les faire connaître et de les rendre accessibles.

Chroniques animées par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame

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