Le Royaume de Dieu est inclusif

Valentin Deleforterie : De plus en plus on parle de « société inclusive » concernant les personnes handicapées. Qu’en est-il de l’Eglise, est-elle inclusive ?

« Si nous excluons les personnes avec un handicap, le Royaume de Dieu est bancal… On se coupe de personnes qui nous révèlent quelque chose du mystère de Dieu ». Talitha Cooreman qui s’exprime ainsi est théologienne, auteur d’une thèse « Catéchèse et théologie du handicap » publiée aux Presses universitaires de Louvain. Elle répond à une interview dans le dernier numéro de la revue Ombres&Lumière qui met le phare sur le sujet « Eglise et handicap ». Un dossier passionnant de bout en bout, qui donne la parole à des personnes handicapées, leurs familles, un historien, un évêque, et j’en passe. On y trouve aussi une recension d’initiatives positives inspirantes dans diverses paroisses. Tout ça est nourri par une grande enquête à laquelle ont participé près de 500 personnes.

Ils sont 65% à constater qu’ils ne rencontrent pas ou peu de personnes en situation de handicap dans leur paroisse.

Valentin Deleforterie : que nous révèle cette enquête ?

Les chrétiens désirent une meilleure inclusion. Pas seulement que les personnes en situation de handicap assistent à la messe ou reçoivent les sacrements comme tout baptisé, mais qu’elles soient visibles, qu’elles puissent participer activement à la vie de la paroisse, équipe pastorale, lectorat, servants d’autels, donner la communion,  et autres ministères d’Eglise. Or ils sont 65% à constater qu’ils ne rencontrent pas ou peu de personnes en situation de handicap dans leur paroisse. Quand on sait qu’une personne sur dix est handicapée ! « Je ressens une tristesse infinie à devenir invisible, à part » témoigne comme en écho une personne souffrant d’une maladie grave qui l’isole.

Valentin Deleforterie : Effectivement, il y a un vrai travail en perspective. Que trouve-t-on d’autre dans ce dossier ?

On y découvre aussi que les chrétiens ont souvent été pionniers, en matière de handicap. C’est Olivier Landron, historien, qui l’explique, lui qui vient d’écrire « Les catholiques face au handicap » aux éditions du Cerf. C’est grâce à des figures catholiques, religieuses ou laïques, des congrégations, des mouvements, dont l’OCH, que l’Eglise a pu évoluer profondément. Mais le chemin reste long à parcourir pour une Eglise véritablement inclusive. On se souvient du cri de Jean-Christophe Parisot, diacre et tétraplégique, il y a quelques années à Lourdes au cours d’un rassemblement de sept cent personnes handicapées : « Nous sommes un peuple d’exilés et nous voulons sortir de l’exil ». Une ovation avait fait écho à ce cri par un public qui s’y était reconnu.

Valentin, ce numéro d’Ombres&Lumière, qu’on peut se procurer sur www.och.fr , est un outil remarquable pour que ce peuple continue de sortir de l’exil en marche vers une Eglise véritablement inclusive. Car comme conclut Talitha Cooreman : « Le Royaume de Dieu est inclusif, chacun y est bienvenu et nécessaire »

Philippe de Lachapelle sur Radio Notre-Dame – 7 septembre 2021

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