TDAH, une souffrance trop méconnue
Bruno : TDAH, un sigle bien compliqué pour désigner un trouble trop méconnu, les Troubles du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité. Vous allez nous éclairer un peu, Philippe
« J’ai du mal à être bienveillant avec moi. Chaque fois que je tente quelque chose, une petite voix me dit que je ne vais pas y arriver. J’ai du mal à me faire confiance ». Nathan qui parle ainsi a 26 ans. Il est étudiant en médecine, et pourtant il reste taraudé par ce manque d’estime en lui-même. La cause ? Le TDAH dont il souffre depuis son enfance. Une des premières conséquences de ces TDAH est cette douloureuse mésestime de soi. On peut le comprendre quand on découvre que ces enfants sont souvent rabroués, rejetés, moqués. Le dernier numéro de la revue Ombres & Lumière consacre un dossier passionnant à ce trouble du neuro développement qui touche près de six pour cent des enfants – un à deux par classe !- et trois pour cent des adultes. Beaucoup de monde donc ! Autant dire que nous en avons tous dans notre environnement sans toujours le savoir, car malheureusement, ces troubles sont souvent diagnostiqués trop tardivement.
Bruno : Comment se manifestent concrètement ces troubles ?
« Beaucoup de bougeotte, de distraction, d’étourderie, difficulté à obéir pour les routines, si à cela s’ajoute une dose d’impulsivité, alors il faut penser au TDAH » explique le Docteur Sara Bahadori psychiatre pour l’enfant et l’adolescent, surtout si ce trouble se manifeste partout, à la maison, au sport, à l’école. « Ce sont des enfants qui sont opposants –ajoute-t-elle- parce que leur quotidien est compliqué. A un moment ils ne veulent plus rien ».
A entendre tout cela, on comprend l’épuisement des familles, les parents en premier lieu, qui en plus se voient souvent reprochés d’être de mauvais parents, faute de savoir cadrer leur enfant. Double peine donc ! « Ne restez pas seuls » leur conseille le Docteur Bahadori, en les invitant à se rapprocher des associations. « Méfiez-vous du stress, c’est le principal ennemi », ajoute-t-elle en saluant la tendresse et l’inventivité de ces parents pour faire face.
Bruno : Y-a-t-il des raisons d’espérer que la vie de ces enfants s’améliore ?
Ombres & Lumière nous révèle qu’un diagnostic posé à temps et un bon accompagnement peuvent ouvrir à un avenir apaisé à ces enfants. Dérangeants, bruyants, quand ils sont petits, selon le Docteur Bahadori, ils peuvent devenir des adultes exceptionnels, des personnes ressources, dont la collectivité se prive trop souvent aujourd’hui, faute d’une bonne prise en charge. Autant dire que tous attendent avec impatience une loi espérée à l’automne prochain, qui permettrait de mieux repérer et intervenir précocement, former les professionnels, inclure à l’école, guider les familles.
Une urgence au regard du parcours chaotique de ces dernières et de la souffrance de ces enfants !
Philippe de Lachapelle sur RCF – 23 mai 2022