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A propos d’inclusion…
Quelques jours après la polémique sur l’inclusion des enfants handicapés à l’école, nous republions l’éditorial de Cyril Douillet sur le sujet, paru dans le numéro 229 (mai-juin 2019), qui exprime la position de notre revue.
L’inclusion est actuellement le mot d’ordre incontournable dans le monde du handicap. Après l’insertion et l’intégration, qui indiquaient une dynamique favorable pour les personnes handicapées, mais présupposaient qu’elles étaient foncièrement à part, l’expression d’inclusion ou de société inclusive met l’accent sur une appartenance commune, et sur la nécessaire mixité entre valides et plus fragiles au sein du corps social. A Ombres & Lumière, au nom de la conviction profonde que les personnes handicapées y ont non seulement toute leur place, mais qu’en plus leur présence parmi les autres peut être bénéfique à tous, nous avons soutenu et soutenons cette vision, du monde scolaire au monde de l’entreprise, en passant par l’art, le sport et l’Eglise.
Marche forcée
Toutefois il ne faudrait pas que cette bonne idée de l’inclusion se transforme en idéologie à marche forcée. Or on mesure ce risque en lisant le récent rapport d’une experte de l’ONU, Catalina Devandas-Aguilar, suite à sa visite en France l’an dernier. * Elle y appelle le gouvernement français à « fermer progressivement les institutions et à les transformer en services implantés dans la communauté ». Outre que les expériences de désinstitutionalisation à l’étranger ne sont pas toujours concluantes (comme en Italie), on peut se demander si une telle dynamique ne serait pas extrêmement compliquée pour les plus fragiles, personnes polyhandicapées ou atteintes d’autisme profond par exemple.
Communion
Au fond, l’enjeu est bien de ne pas créer, au nom de l’inclusion, de nouvelles normes, et une nouvelle… exclusion. Car l’institution a aussi pour rôle de protéger, au sein d’une société pas toujours aussi bienveillante qu’on le rêve. Et si, dans un premier temps, on développait davantage de passerelles entre les univers protégés (IME, ESAT, etc.) et le milieu « ordinaire » ? Ce serait une voie raisonnable pour grandir dans une véritable… communion.
Cyril Douillet, ombresetlumiere.fr
*en septembre dernier, un nouveau rapport de l’ONU allait dans le même sens. NDLR