Une vie de maman

Attendre ?

Des personnes faisant la queue.
© Istock.

La période de l’Avent est propice à ceux qui savent attendre. L’attente a des vertus, je ne les conteste pas. Mais l’attente peut aussi générer de l’angoisse. Chez moi, ce mot provoque une vraie panique ! Pour bien le mesurer, il faut voir la tête de mes enfants quand je dis « et en plus il va falloir attendre… » Stupeur et tremblements font place rapidement à un flot de conseils et d’idées pour relever ce défi récurrent : comment rendre un temps d’attente supportable pour Paul ?

Paul, qui est autiste sans langage, ne peut pas se projeter dans l’avenir, même proche. Attendre n’a aucun sens pour lui et il déteste ça. Rien ne lui est plus insupportable que de rester sans rien faire. Chez le médecin, le boulanger, dans la voiture, devant le bus ou à la caisse, je repère tous les lieux d’attente, je les anticipe et surtout je les évite. Mais l’attente peut nous surprendre partout sans crier gare ! Il s’enfuit alors à toutes jambes et je dois planter là mes courses, mon sac à main, mon parapluie pour bondir et tenter de le rattraper par la capuche avant qu’une maladresse ou un drame ne ruine ma journée…

Mes meilleures stratégies : les smarties – compter une boîte pour quinze minutes – et ma connaissance remarquable du répertoire complet de Chantal Goya et d’Yves Duteil. Et pourtant, l’attente reste une épreuve redoutable. Même sans Paul, je ne suis pas très patiente de nature. Je ne m’enfuis pas en courant, mais je peste sans retenue. Je trépigne devant toutes ces tracasseries : ce confinement qui n’en finit pas, ces queues à rallonge, ces web messes derrière l’écran. Mais, depuis dimanche, la joie de l’attente est enfin arrivée. Comme un veilleur attend l’aurore, nous guettons Noël. Le Seigneur vient. Il vient même si cette année les marrons seront moins nombreux autour de la dinde. Il vient, c’est certain, pour les patients et pour les impatients, pour ceux qui savent attendre et même pour ceux qui préfèrent les smarties.

Marie-Amélie Saunier, ombresetlumiere.fr – décembre 2020

Marie-Amélie Saunier vit à Lyon. Elle est mère de quatre enfants, dont Paul, atteint d’autisme.

Partager