Culpabilité des mamans d’enfants handicapés

Portrait of happy mother and son in park outdoors.

Nicolas Entz : Dimanche, c’est la fête des mères. Il y en a dont on parle peu, et qui portent très lourd, ce sont les mamans d’enfants handicapés, auxquelles trop souvent hélas, on rajoute de la souffrance à leur charge !

« A l’heure ou la société pourchasse toutes les injustices vis-à-vis des femmes, qui s’excusera auprès des mères d’enfants handicapés pour les lourdes accusations dont elles ont fait l’objet pendant des années ? ». Elle se nomme Marie-Amélie Saulnier, celle qui lance cette vive interpellation sur ombresetlumière.fr. Elle est maman de 4 enfants, dont Paul, autiste.

Elle fait mémoire de ce qu’elle a vécu dans des entretiens avec des professionnels, à une époque où les thèses psychanalytiques dénonçaient l’influence de la mère dans les troubles de son enfant autiste. Difficile pour elle de s’être sentie ainsi mise en cause pour le handicap dont souffre son enfant. Elle en a aussi été témoin chez nombre de ses amies, elles aussi mères d’enfants malades ou handicapés, qui ont dû faire face à des questions suspicieuses à leur endroit, qui affectent gravement l’estime de soi. « Comment avoir confiance en soi quand on se sent jugé ? » questionne-t-elle douloureusement.

Nicolas Entz : Mais les choses ont changé depuis lors, ces thèses sur la responsabilité de la mère dans le handicap de l’enfant n’ont plus cours ?

Oui, Nicolas, elles n’ont plus pignon sur rue, ou presque plus. « Mais la culpabilité n’a pas vraiment disparu, elle prend une autre forme » déplore Marie-Amélie. Et de prendre pour exemple tous ces entretiens ou questionnaires, où la mère est évaluée sur ses capacités à faire face, ses compétences en parentalité, son recul devant la situation, sa disposition à reproduire les gestes des professionnels…

Nicolas Entz : j’imagine que tout cela, c’est pour aider la maman à faire face.

Probablement, Nicolas, mais le risque, dit Marie-Amélie, c’est -je cite « de renforcer un sentiment de faute de ne pas savoir-faire, dans un contexte de désarroi avec un enfant différent ». Et Marie-Amélie d’affirmer avec force : « Les mères ne sont responsables ni du handicap, ni du devenir du handicap de leur enfant. Nous sommes présentes pour aimer, aimer toujours, aimer jusqu’au bout ».

De cet amour, nous devons leur en être avant tout infiniment reconnaissants, Nicolas ! Sa portée va bien au-delà de leur enfant. La psychanalyste Geneviève de Taisne l’a si bien dit dans Ombres et Lumière: « Mamans d’un enfant handicapé -écrit-elle- votre témoignage montre que l’amour peut tout transcender… L’amour que vous portez à ces enfants est la gratuité qui défie le monde aujourd’hui et qui le sauve… A travers les handicaps de vos enfants, ce sont toutes les malformations du monde, tous nos handicaps, qui sont acceptés, soignés, aimés… ».

Oui, merci à vous, les mamans d’enfants handicapés, et bonne fête !

Philippe de Lachapelle sur Radio Notre-Dame – 25 mai 2021

Partager