Une vie de maman

Forcément coupable ?

une enfant dans les bras de sa maman
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Est-ce toujours de ma faute ? Longtemps la société a porté l’idée que les mères étaient coupables des troubles du comportement de leur enfant. Et pas seulement les mères d’enfant autiste ou de jeune fille anorexique. Je suis frappée, en discutant avec une tante, de ce que les psychiatres lui ont fait subir il y a trente ans : culpabilité, accusation, séparation forcée avec son enfant qui souffrait de schizophrénie. Mon expérience est moins douloureuse, mais je me souviens encore du groupe de parole obligatoire auquel j’ai dû participer en contrepartie de la prise en charge de mon fils Paul. Les psychologues qui supervisaient ce groupe adhéraient aux thèses psychanalytiques qui dénoncent l’influence de la mère dans les troubles du comportement. Comment avoir confiance en soi quand on se sent jugé ?

A l’heure où la société pourchasse toute injustice vis-à-vis des femmes, qui s’excusera auprès des mères d’enfants handicapés pour les lourdes accusations dont elles ont fait l’objet pendant des années ? Aujourd’hui, personne ne dit plus que la femme est à l’origine du trouble de son enfant. Mais la culpabilité n’a pas vraiment disparu. Elle prend une autre forme. On évalue la capacité à faire face, les compétences de parentalité, le recul devant la situation et la disposition à reproduire les gestes des professionnels. N’est-ce pas encore renforcer un sentiment de faute de ne pas savoir faire, dans un contexte de désarroi avec un enfant différent ? Les mères ne sont responsables ni du handicap ni du devenir du handicap de leur enfant. Refusons fermement de rentrer dans ce piège. Nous sommes présentes pour aimer, aimer toujours, aimer jusqu’au bout.

Marie-Amélie Saunier, ombresetlumiere.fr – 3 février 2021

Marie-Amélie Saunier

Marie-Amélie Saunier vit à Lyon. Elle est mère de quatre enfants, dont Paul, atteint d’autisme.

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