Enfants sourds, beaucoup à faire pour la scolarité

Petite fille communiquant par le langage des signes.
@Istock

La rentrée scolaire est largement passée. Pour les élèves handicapés, comme chaque année, ils sont encore nombreux à rester au bord du chemin, plus ou moins selon les handicaps. Qu’en est-il des enfants sourds ?

« L’objectif est que les mêmes chances de réussite académique soient offertes aux enfants sourds qu’aux entendants ». C’est par cette phrase qu’un groupe de travail du Conseil scientifique de l’éducation nationale débute son rapport remis le 5 juillet dernier. Si l’on en croit l’état des lieux qu’ils font, ce n’est pas gagné : il est difficile d’être un élève sourd en France ! Mais ce n’est pas non plus illusoire si l’on en croit leurs recommandations.

Qu’est-ce qu’il manque pour y arriver ?

C’est une question de volonté et de choix de société, Bruno. Pour seul exemple, si en France peu de jeunes sourds font des études supérieures, comparativement aux entendants, il n’y a pas de différence en Allemagne. Mieux encore, en Suède, la proportion d’étudiants sourds dans l’enseignement supérieur est plus élevée que chez les étudiants entendants ! Derrière ce résultat étonnant, une politique publique volontariste, largement portée par la Reine elle-même, qui parle la langue des signes, et qui va par exemple jusqu’à contrôler le niveau sonore dans les espaces publics pour améliorer la situation des mal entendants. On en est loin en France.

Les enfants sourds ont besoin de cette confiance. Ils sont quand même dix mille à l’école en France !

Y a-t-il quelques raisons de croire qu’on peut combler cet écart ?

Oui, Bruno, les recommandations faites par le groupe de travail ne semblent pas hors de portée. Elles sont bien sûr multiples et variées : dépistage précoce – nous avons beaucoup de retard en la matière-, choix et mise en œuvre immédiate des méthodes de communication adaptées au besoin de l’enfant – sensibilisation et formation des différents acteurs, les parents, bien sûr, mais aussi les enseignants, croisements des expertises, et j’en passe.

Une certitude, beaucoup se joue dans les premières années de l’enfant : «il existe une période sensible avant l’entrée en maternelle -peut-on lire- où il est important que les enfants bénéficient d’un bain de langage, pour favoriser leur développement aussi bien linguistique qu’affectif ». L’idéal est même, dès le premier âge, l’apprentissage de deux langues, le français parlé et la langue des signes. Le cerveau du petit enfant est tout à fait capable d’intégrer à cet âge, plus difficilement après.

On est frappé à la lecture de ce rapport par la grande confiance que ces experts ont dans les capacités de l’enfant sourd. Une confiance qu’avait eue déjà l’Abbé de l’Epée dès 1770 : c’est en observant comment les enfants sourds communiquaient ensemble qu’il a recueilli d’eux ce qui allait devenir les prémices de la langue des signes. Les enfants sourds ont besoin de cette confiance. Ils sont quand même dix mille à l’école en France !

Philippe de Lachapelle sur RCF – 27 septembre 2021

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