Gratitude et espoir
Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame – 24 septembre 2024
Les jeux paralympiques sont terminés depuis plus de 2 semaines. Je suis plein de gratitude et d’espoir. Gratitude pour ces athlètes qui m’ont émue par leur courage, leur force et leur capacité de résilience. Gratitude aussi pour tous leurs accompagnants, familles et coaches qui croient en eux, en leur aptitude, en leur succès. Gratitude envers les 45000 bénévoles. Quel magnifique témoignage ! Espoir aussi, parce que j’ose penser que les fruits de ces jeux ne vont pas s’arrêter à ces deux semaines de jeux, qu’ils vont nous changer en profondeur. J’espère que les participants de ces JO ne réduiront plus la personne handicapée à ses limites, qu’elles verront en elle, une personne combative qui aime la vie.
Simon : Notre regard sur le handicap en général a certainement changé grâce aux JO. Espérez-vous que ce regard bienveillant perdure ?
Oh oui Simon, à l’image de cette personne qui m’a témoigné qu’elle ne pensait pas que ce serait si facile d’oublier le handicap des athlètes, leur prothèse, leur fauteuil, leur déformation. « Après quelques minutes de sport, je ne voyais plus que l’athlète, pas son handicap » m’a-t-elle confié. Son regard a dépassé le handicap. Elle ne s’est pas laissé enfermer dans des a priori. Comme elle, nous étions des milliers à regarder, soutenir, encourager des personnes mutilées, handicapées, atypiques. Incroyable ! Nous avons vibré en suivant le tennis-fauteuil, l’athlétisme ou le cécifoot. Magnifique ! Quand Frédéric Villeroux a marqué le tir au but décisif au cécifoot, les supporters étaient en liesse. Quant à Aurélie Aubert, elle nous a fait vivre un temps d’émotion intense en remportant sa médaille d’or en boccia. Nous avons tous été émerveillés par la performance de nos athlètes. Est-ce que, demain, quand un homme comme Frédéric, malvoyant, frappera à notre porte pour un emploi, nous croirons que c’est possible ? Quand une femme comme Aurélie, en fauteuil, nous invitera à prendre une bière, nous dirons « quelle bonne idée ! » ? Quand nous croiserons une personne handicapée, quel que soit son handicap, est-ce que nous nous souviendrons de tout ce qu’elle nous a inspiré pendant les JO ? ».
Simon : la peur du handicap pourrait-elle nous regagner ? c’est votre crainte ?
La peur n’est pas le seul frein du vivre ensemble. J’espère que tous ceux qui ont vu ou entendu les athlètes n’ont plus peur. Mais seront-ils audacieux, convaincus de la force des personnes handicapées ? Le handicap dérange, il faut bien souvent des adaptations spécifiques liées aux spécificités du handicap mais la personne handicapée apporte quelque chose de singulier qui dépasse les contraintes. Je ne souhaite le handicap à personne mais je souhaite à chacun de rencontrer des personnes handicapées, de vivre avec elles. Tony Estanguet, président du Comité d’Organisation des JO a conclu les JO paralympiques par une invitation à continuer à oser la rencontre. Mgr Gobilliard, lors de la messe de clôture des JOP, a évoqué le fait que ces athlètes handicapés avaient brillé par leur combat et aussi par leur joie de vivre jusqu’à faire des envieux parmi ceux qui ne sont pas limités par un handicap. Espérons que ces rencontres ne seront pas qu’une parenthèse et permettront une conversion du regard et du cœur. Un grand merci à tous les athlètes et organisateurs pour ce moment et un immense espoir pour la suite !
Chroniques animées par par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame.