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Hors de moi

scène de "Hors de moi"
© Marie Larzen Astier.

Dans un seule-en-scène intimiste et très dense, la comédienne Marie Astier se saisit du texte de la philosophe Claire Marin, Hors de moi, pour montrer ce que peuvent ressentir les personnes atteintes d’une maladie chronique.

Sur une petite scène habillée d’un seul banc et d’un portemanteau, le jeu de la comédienne Marie Astier prend place. Et le texte de la philosophe Claire Marin, qu’elle déclame, toute sa puissance. Ces deux femmes ont un point commun : vivre avec une maladie chronique, comme 20 millions de Français. Un quotidien rude, fait de « pourquoi moi ? », de découragement, de consultations sous l’œil de médecins si experts qu’ils en oublient parfois la personne derrière le « cas clinique ». Mais aussi de moments de grâce, de légèreté et de joie sans borne.

Aidée du metteur en scène Simon Gagnage, la comédienne a choisi d’en rendre compte de façon très charnelle, montrant et dévoilant la vulnérabilité d’un corps souffrant, dégingandé, dans des séquences de danse et de mimes. Car il y a des réalités que les mots seuls ne parviennent pas à exprimer. C’est ce qui confère à ce seul-en-scène un caractère très dense, à la limite du suffocant. Notamment lorsque le public fait face de longues minutes à la comédienne, seins nus, témoignant là encore de son corps maintes fois ausculté et à l’intimité volée.

Si le pari de faire comprendre ce que vit une personne malade chronique est pleinement atteint grâce à la qualité de jeu de son interprète, authentique et entière, l’on ressort de cette pièce en ayant un comme besoin vital de prendre l’air, de respirer hors de ce lieu clos. Comme si la puissance du texte, alliée au langage physique du théâtre, finissait par en faire « un peu trop » à recevoir pour le spectateur. Que l’on soit concerné personnellement ou non par ce thème, on ne peut en revanche que conseiller de se procurer le texte de Claire Marin, juste et profond sur la maladie chronique, ce « refrain agaçant », cette « mélodie entêtante » écrit-elle, avec laquelle il faut apprendre à composer.  

Guillemette de Préval, ombresetlumiere.fr – 6 décembre 2021

Au théâtre des Déchargeurs, à Paris 1, les dimanches, lundis et mardis à 19h jusqu’au 21 décembre.

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