Télévision
La disgrâce
En deuxième partie de soirée, France2 a diffusé mardi dernier un beau documentaire sur des « gueules cassées », ceux qu’on a habituellement du mal à regarder.
« On se sent cernés par tous les regards comme si tous les regards étaient braqués sur soi »…, « J’ai l’impression d’être une bête de foire », « Si je pouvais vivre sur une île déserte, j’oublierais que je suis différent », « Je n’aime pas le mot défiguré, j’ai une figure comme tout le monde ». Ceux qui s’expriment ainsi, ce sont Patricia, Guilhem, Gaëlle, Jenny et Stéphane. Des hommes, des femmes, qui ont le visage déformé, boursouflé, ou couturé à la suite d’une maladie ou d’un accident. Ils sont les protagonistes de ce documentaire sur l’image de soi et le regard des autres. On les découvre au cours d’une séance photo réalisée au studio Harcourt, haut lieu parisien du glamour.
Il fallait oser ce pari et le résultat est là : beau et terriblement touchant. Les visages peuvent choquer, être douloureux à regarder au début du film, car rien n’est épargné de la réalité. Mais plus les minutes passent, plus on va au-delà des apparences et plus le téléspectateur vit une vraie rencontre avec ces personnes. Dans une société où le diktat du beau domine, Didier Cros a voulu réaliser un film sur l’accueil de la différence. « On a beaucoup de mal à accepter la différence, à admettre que c’est un enrichissement. Cultivons notre singularité et intéressons-nous à celle des autres ». A ne pas manquer malgré l’heure tardive !
Christel Quaix, ombresetlumiere.fr – 5 janvier 2021.
France 2, mardi 5 janvier à 23h10, puis en replay jusqu’au 8 mars 2021.