La fatigue de compassion
Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame – 5 mars 2024
« Je ne sais pas comment tu fais », « mais comment tu tiens le coup ». Combien de fois, les aidants familiaux entendent ces phrases pleines de compassion de la part de leur entourage. En réalité, bien souvent, ces aidants familiaux ne savent pas non plus comment ils font. Certains diront « un pas à la fois », d’autres « je n’ai pas le choix » … A l’OCH, nous savons que ces aidants familiaux portent beaucoup, c’est pourquoi nous leur proposons des groupes de parole ou des journées pour se poser et déposer leur quotidien. Journée essentielle quand on sait que ces aidants sont particulièrement enclins à la fatigue de compassion.
Simon : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est cette fatigue de compassion ?
Devenir conjoint, parent, frère ou sœur ou encore enfant d’un proche malade ou handicapé, c’est répondre à de nombreux besoins et sollicitations liés au handicap, c’est aussi être exposé à la souffrance de celui qu’on aime. C’est crucifiant et cela rend vulnérable. L’aidant familial développe le plus souvent une empathie, une compassion pour répondre au mieux aux besoins de celui qui est malade. L’aidant veut soulager et parfois c’est trop : trop d’épuisement, trop d’inquiétudes. C’est alors de la lassitude, de l’impatience, de la détresse voire du ressentiment qui peut prendre la place de l’empathie. L’aidant juge ses émotions et ses pensées, il n’est plus du tout bienveillant vis-à-vis de lui-même. La fatigue de compassion l’empêche d’être dans une juste proximité.
Simon : Que faire pour éviter cette fatigue de compassion ?
Cette expression nous vient plutôt de l’autre côté de l’Atlantique. Pascale Brillon est professeur au département de psychologie de l’université du Québec à Montréal. Elle a écrit Entretenir ma vitalité d’aidant, un guide pour prévenir la fatigue de compassion. Elle intervient auprès des aidants de métier ou des aidants familiaux. Elle conseille aux aidants d’apprendre à se connaître, à accueillir leurs ombres de fragilité, à pratiquer la bienveillance, à s’entraîner à recevoir, à apprécier l’affection et le soutien des autres, à parler de leur vulnérabilité, à se confier, à cultiver la gratitude ; tout cela, selon les termes de l’auteur, pour favoriser leur vitalité. Chacun pourra y trouver ce qui le rejoint. Le programme est vaste !
Simon : Finalement c’est une invitation à prendre soin de soi pour prendre soin de l’autre.
En effet Simon. C’est pourquoi l’OCH propose à tous les proches-aidants, parents, grands-parents, frères et sœurs, conjoints, amis … de se retrouver le samedi 16 mars à la maison Familya, rue Oudinot à Paris pour une journée de ressourcement, de partage et de réflexion sur le thème Aider et vivre pleinement. Une équipe de professionnels et d’aidants familiaux attendent tous les proches aidants qui le souhaitent. Et si nous ne sommes pas directement concernés, nous pouvons faire connaître cette journée auprès des aidants qui sont plus de 12 millions en France et si nombreux à oublier de prendre soin d’eux. On trouve tous les renseignements sur cette journée sur le site de l’OCH www.och.fr . Offrez-leur cette journée !
Chroniques animées par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame