Actus

L’étreinte

photo du film : la famille attablée.
© Keren production.

Le réalisateur Ivan Le Goff filme les membres de sa famille, bouleversée depuis 2008 par l’état végétatif de son frère Alexandre. Un documentaire intime, douloureux mais émaillé d’espoirs.

Le 29 août 2008, Alexandre est victime d’une rupture d’anévrisme qui le laisse dans un état végétatif persistant. Cet accident est à l’origine d’une autre rupture, familiale cette fois. Sa mère passe ses journées à l’hôpital auprès de son fils en Normandie, quand le père est resté dans leur maison du sud de la France. L’histoire d’Alexandre est entourée de non-dits entre tous. Alors, dix ans après l’accident, Ivan, le petit dernier de cette fratrie de quatre frères, empli de tristesse et de colère, va filmer et interroger ses parents, ses frères pour tenter de libérer la parole. A tour de rôle, ils s’expriment chacun sur ce fils, ce frère qui ne sera, lui, jamais filmé. Alexandre est-il conscient ? Est-il encore un être humain ? Sa vie vaut-elle la peine d’être vécue ? S’il pouvait s’exprimer, voudrait-il mourir ? Autant de questions abordées et autant de réponses avec les points de vue des uns et des autres. Pour la maman qui stimule quotidiennement son fils de bientôt 51 ans avec des imagiers, des jouets en bois, il est certain qu’il a une conscience. Pour le frère aîné, il est en revanche clair qu’Alexandre, s’il a des réactions, en est dénué.

Chacun des protagonistes est très touchant, mais il est douloureux, rude, de voir comment, des années après, cette famille est toujours déséquilibrée par l’accident. Des petites touches d’espoir émaillent heureusement le scénario. Ivan, quand il commence à tourner, ne regarde jamais Alexandre ; il ne s’adresse à lui que dans sa tête. Il finira assis au bord du lit à lui parler en le regardant. L’ultime scène, enfin, montre les trois frères et les parents réunis autour d’une table, laissant espérer que le tournage du film leur aura permis de se retrouver. Et surtout, l’euthanasie, en toile de fond de ce documentaire est montrée comme insupportable, inenvisageable pour des parents. Le père, homme pudique et bourru qui se déclare incapable d’être heureux et qui ne va voir son fils qu’une fois par an, dit avec force que cette question ne se pose même pas, « un enfant tu lui donnes la vie et c’est tout ».

Christel Quaix, ombresetlumiere.fr – 11 avril 2022.

affiche du documentaire

Film d’Ivan le Goff

Prochaines diffusions, samedi 9 avril à 22h30, dimanche 10 avril à 12h, samedi 16 avril à 23h33 et dimanche 17 avril à 11h sur Public Sénat. Et en replay dès maintenant sur le site de la chaîne.

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