Lettre ouverte au président de la République

9 avril 2018, Marie-Caroline Schürr rencontre Emmanuel Macron au Collège des Bernardins, à Paris. ©Corinne SImon.
9 avril 2018, Marie-Caroline Schürr rencontre Emmanuel Macron au Collège des Bernardins, à Paris. ©Corinne SImon.

« Je ne peux plus me taire, car dans votre République, le respect de la personne humaine est en danger » sont les mots qu’adresse Marie-Caroline, née avec un handicap moteur, à notre président de la république, dans une lettre ouverte que la revue Ombres et Lumière a publié sur son site internet.

Marie-Caroline avait déjà eu l’occasion de rencontrer Monsieur Emmanuel Macron aux Bernardins en 2018, quand le président s’était adressé aux catholiques français sur invitation de la conférence des évêques de France. Quelques années plus tard, elle lui écrit.

Bruno : Pour comprendre cette lettre, pouvez-vous nous présenter Marie-Caroline ?

Marie-Caroline vit, depuis sa naissance avec un handicap moteur très lourd et douloureux qui la contraint à une dépendance totale. Elle se déplace en fauteuil électrique et a besoin des autres dans tous les instants de sa vie quotidienne. Nombreux sont les obstacles qu’elle a dû franchir pour réaliser ses rêves, faire des études, enseigner l’anglais en établissement scolaire et devenir auto-entrepreneuse. Elle aime la vie et sa lettre en témoigne.

Elle partage aussi son inquiétude face à l’euthanasie car, dit-elle : « l’euthanasie vise d’abord les personnes vulnérables ». Marie-Caroline fait partie de ces personnes vulnérables, avec les personnes malades, âgées, bref, comme elle le souligne, « celles qui dérangent ».

Ses mots sont percutants : « il faudrait m’éliminer, sous prétexte de me simplifier la vie », « se débarrasser de ce qui dérange » ? Marie-Caroline est scandalisée et veut rétablir la vérité sur l’euthanasie.

Soyons présents auprès de ceux qui souffrent car la mort ne vient pas tant supprimer la souffrance que la vie.

Florence Gros

Bruno : Quels sont ses propos ?

Marie-Caroline pense que l’Euthanasie n’est pas une bonne mort, c’est un mensonge de croire qu’on peut maitriser la vie et la mort. Pour elle, l’euthanasie n’est pas non plus un soulagement. Le fait de le penser est culpabilisant pour tous ceux qui ont besoin de l’aide de la société.

Elle dénonce notre culture de la perfection, qui interdit la différence et voudrait éviter les grains de sable. Elle s’inquiète pour l’avenir de notre société qui pourrait devenir stérile, robotisée. Marie-Caroline ne mâche pas ses mots.

En interpellant notre Président, elle nous interpelle tous. Elle pose cette question essentielle : « Quel degré de dépendance me fera passer du côté de ceux qu’il faut tuer pour leur bien ? A quel moment y aura-t-il un carton rouge pour prévenir du danger et empêcher un médecin de me proposer l’euthanasie, s’il considère que je ne suis plus digne de vivre ? ».

L’OCH porte cette conviction que la dignité d’une personne ne se mesure pas. Comme le dit Marie-Caroline : « Votre dignité, monsieur le président, est égale à la mienne. Personne n’est plus digne qu’un autre. Vous n’êtes pas plus digne de vivre que moi ».

Nous en sommes convaincus aussi : L’euthanasie n’est jamais une solution pour apaiser la souffrance. Dès lors qu’une personne est accompagnée, elle retrouve dignité et vie. Le message de Marie-Caroline est clair. Soyons présents auprès de ceux qui souffrent car la mort ne vient pas tant supprimer la souffrance que la vie.

Bruno : C’est un appel à la relation.

Oui Bruno, Marie-Caroline nous appelle à la relation, à ne pas en avoir peur. C’est même la meilleure solution pour elle. Entourée, accompagnée, sa vie est belle, elle a un sens et porte une véritable fécondité parce qu’elle se sent entourée et accompagnée. Pour ceux qui pourraient encore en douter, prenez le temps de lire l’ensemble de sa lettre sur le site de la revue de l’OCH ombresetlumiere.fr et soyons pour ceux qui souffrent, des compagnons de vie et non des artisans de mort.

Florence Gros sur RCF – 27 février 2023

Partager