Rentrée des classes
Le début du mois a été marqué par la rentrée scolaire. Dans un groupe WhatsApp de mamans concernées par le handicap d’un enfant, j’ai profité d’un bel échange de photos d’élèves handicapés tout sourire qui faisaient leur rentrée. On pouvait lire sur certains visages la fierté de démarrer une nouvelle année sous le signe d’une plus grande autonomie. Malheureusement le tableau des sourires a été assombri par quelques déceptions. Pas de professeur pour une classe ULIS (classe spécialisée), pas d’AESH nommé (les AESH sont les accompagnants d’élève en situation de handicap), pas de matériel informatique adapté pour suivre les cours … la liste est longue, trop longue.
Simon : Qu’est-ce qui peut expliquer ces désagréments ?
Les raisons sont multiples. Un manque d’anticipation, d’organisation, de volonté, ou de moyen sans doute. Si l’état a fourni des efforts pour que, par exemple, 1000 élèves autistes de plus fassent leur rentrée en 2023 avec la création de 110 nouvelles classes dans toute la France, le manque de moyens financiers, logistique et humain se fait encore sentir. Il y a d’un côté une véritable volonté d’offrir des dispositifs adaptés et de l’autre des insuffisances pour que les élèves handicapés n’aient pas trop de ruptures dans leur parcours. Il y a aussi d’autres raisons plus personnelles, comme la peur. L’IFOP a publié les résultats d’une étude auprès des enseignants. Cette étude révèle une « école inclusive à géométrie variable » : par exemple, les élèves avec troubles psychiques sont moins bien insérés. Elle révèle aussi que la formation des enseignants est un levier considérable pour briser les craintes de l’inclusion. Et d’ailleurs, une fois inclus, les élèves sont perçus par les enseignants comme une richesse tant sur le plan professionnel que personnel.
Simon : Ce serait aussi une question de sensibilisation alors ? Développer des moyens et la sensibilisation ?
Entre autres. Deux témoignages, Simon, me viennent. Toute cette année 2023, des jeunes « osent la rencontre » en répondant à l’invitation de l’OCH à l’occasion de ses 60 ans. Autour d’un rêve d’une personne handicapée, des jeunes ont partagé leur talent et ont fait l’expérience d’une rencontre simple avec une personne handicapée. Cette rencontre a sensibilisé les jeunes au handicap. Le regard de ces jeunes sur le handicap a changé. Clémence en témoigne, « une fois que j’ai accepté de sortir de ma zone de confort, la rencontre a été trop cool ». Cette rencontre a été formatrice et les a ouverts à l’inclusion possible dans leur milieu universitaire ou professionnel. Autre témoignage : un grand-père me racontait qu’en l’absence d’une AESH pour son petit-fils handicapé moteur, pendant plus de 2 mois, plusieurs de ses connaissances s’étaient proposées pour assurer le maintien de l’enfant dans sa classe. Directeur et professeurs avaient accepté cette organisation originale. Ces deux témoignages nous révèlent que permettre aux personnes handicapées de trouver leur place dans le milieu scolaire, mais aussi dans le milieu universitaire, associatif, ecclésial … Simon, c’est l’affaire de tous. Cela demande un changement de regard collectif sur le handicap et une dose de créativité. Croyons que nous pouvons tous apporter notre pierre pour construire ensemble un monde inclusif et fraternel.
Florence Gros sur Radio Notre Dame – 19 septembre 2023