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Papa chanteur
Entrepreneur converti à l’écologie, Maxime Pawlak est le papa de trois enfants, dont Faustine, 5 ans, porteuse d’une anomalie génétique. Ce musicien touche-à-tout lui dédie un spectacle caritatif et se produira dans une grande salle parisienne en décembre. Rencontre avec un homme en mouvement.
C ’est dans son lieu de travail, un espace de coworking situé dans une rue calme du 15e arrondissement de la capitale, que l’on retrouve Maxime Pawlak. Culminant à 1 mètre 97, paré d’un pull marin et de baskets rouges, cet homme longiligne offre une poignée de main chaleureuse. Fondateur d’Éloi, une « société à mission » dédiée à l’agroécologie, il a pris ses quartiers ici il y a un an et demi, à proximité de la halte-garderie qui accueillait sa fille Faustine, atteinte d’une anomalie génétique. « Il se trouve que le propriétaire du coworking a tout de suite investi dans mon entreprise et m’a permis de me lancer… Il n’y a pas de hasard ! »
Tout est tellement lié dans la vie de Maxime qu’on ne sait par où commencer. Ingénieur de formation, cet homme d’origines bretonne et russo-polonaise a d’abord créé une entreprise d’édition de logiciels, qu’il a développée pendant quinze ans. Entre-temps, il a rencontré Marie, et à travers elle, s’est « reconverti » au catholicisme de son enfance. « Pendant vingt ans je me suis défini comme athée. Alors que je suivais un parcours Alpha, entraîné par Marie, j’ai fait une nuit un rêve de Jésus, qui m’a rempli d’une paix incroyable… J’ai alors entrouvert mon cœur, et commencé un chemin », raconte-t-il, les mains jointes. Quelque temps plus tard, nouvel ébranlement : à la faveur d’une conférence de Jean-Marc Jancovici, il vit une « forte prise de conscience écologique », renforcée par la lecture de Laudato Si.
Grand bouleversement
L’arrivée du handicap va alors accélérer sa « mise en mouvement ». En 2016, Faustine naît, après des jumelles. Au départ, il n’y a pas de souci déclaré. Mais assez vite, ses parents constatent que le contact visuel est difficile, et qu’elle sourit peu. « À l’âge de neuf mois, alors que nous étions en voyage en Allemagne, elle a fait une crise d’épilepsie. Nous avons cru la perdre à ce moment-là ». Commence alors un parcours médical au long cours, entrepris à l’hôpital Necker : traitement à la cortisone à haute dose contre l’épilepsie, et diagnostic d’une anomalie génétique rare sur le chromosome 15, appelée DUP15q. Faustine aura un retard du développement cognitif, une communication limitée et des aspects autistiques – sans agitation ni aversion à la nouveauté.
À cette annonce, le couple vit un grand bouleversement intérieur : « On a eu le sentiment de faire dix ans de philosophie en quelques semaines…, a nous a brutalement connectés à notre vulnérabilité, une dimension qu’on ignore habituellement. » Devant un futur incertain, ils apprennent à vivre au jour le jour, et se sentent portés par la foi et la prière de leur entourage. « Dieu nous a soutenus, on a senti une grande force… »
Agroécologie
Très vite, Maxime connecte cette épreuve à ses convictions écologiques : « Dans les crises, ce sont toujours les plus fragiles qui trinquent », rappelle-t-il, encyclique du pape François à l’appui. Le soir même du diagnostic de sa fille, il se relève la nuit pour faire le business plan d’une entreprise tournée vers l’agroécologie. « Le matin, j’ai dit ça à ma femme dans la cuisine, se souvient-il. J’appellerai l’entreprise Éloi, du nom du saint patron des agriculteurs. Ce sera mon coming out catho ! » Sa société, qui aide ceux qui cèdent des terres à les transmettre à des jeunes qui portent un projet d’agroécologie, a aujourd’hui dix salariés, et prospère à vive allure : « On vise à soutenir 1 500 projets par an. »
On a eu le sentiment de faire dix ans de philosophie en quelques semaines…
Mais là n’est pas la seule ambition de Maxime, qui a plusieurs cordes à son arc. Musicien depuis toujours, habitué des groupes, il s’essaie l’an dernier, lors d’une semaine en célibataire, à écrire des chansons sur Faustine. Peu à peu, il parvient à sortir « une chanson qui se tient », puis d’autres. Peu après, lors d’une rencontre des EDC (entrepreneurs et dirigeants chrétiens) où il assiste à un spectacle de danse de Sophie Galitzine, lui vient l’envie de monter un concert autour de ses chansons, avec un but caritatif. « Je connaissais peu de gens dans le monde du spectacle… Mais je me suis souvenu qu’on avait accompagné au mariage un couple dont lui était le directeur du Divan du Monde, et je l’ai contacté », raconte l’entrepreneur, qui se balance un peu sur sa chaise à présent, joignant les gestes à la parole. Banco, le directeur en question lui ouvre sa salle gracieusement, pour deux soirées ! Marie et Maxime montent alors une association pour porter le projet. Son but ? « D’abord rejoindre les familles touchées par le handicap. Nous avons été aidés, alors j’ai envie de dire qu’il est possible de traverser une telle épreuve. Pour les autres, je voudrais sensibiliser, aider à changer le regard, quand on n’a pas la chance d’être directement concerné. » Il emploie bien le mot « chance ». Maxime est un homme heureux et rien ne semble pouvoir l’en empêcher. D’ailleurs, sa chanson phare – déjà en ligne sur les plates-formes – le dit aussi : Faustine est son « Fast track* pour le paradis ».
Cyril Douillet, 26 octobre 2022 – ombresetlumiere.fr
* voie rapide
5 et 6 décembre 2022 : double concert au Divan du Monde (Paris XVIII) , Papa, mon handicap et moi. Au profit de l’OCH et de Saint-Jean-de-Dieu.