Troubles psychiques, les proches en première ligne

Une mère console sa fille.
@123RF

VD : La maladie psychique est éprouvante pour la personne qui en est atteinte. On ne le dit pas toujours, mais les familles de ces personnes portent lourd elles aussi »

« Tout nous tombe dessus d’un seul coup, c’est d’une violence extrême… » Valérie témoigne ainsi de la brutalité de la première crise de son fils atteint de troubles bipolaires. Et d’expliquer : « Maxime était devenu complètement incontrôlable, il ne dormait presque plus, avait créé quatre sociétés en trois mois, fait une demande en mariage inattendue ». Cette brutalité, elle est le lot de la plupart des proches de personnes malades psychiques. C’est ce qu’on découvre dans le dossier qui leur est consacré dans le dernier numéro de la revue Ombres & Lumière sous le titre : « les proches en première ligne ».

VD : Par quoi passent ces proches de personnes atteintes de troubles psychiques ?

C’est un sentiment de détresse qui les habite, Valentin. Voilà qu’ils ne reconnaissent plus qui leur épouse, qui leur fils… Une détresse faite de culpabilité, d’isolement, d’inquiétude, d’impuissance : « pendant deux ans, mon fils est resté allongé… Insupportable de voir quelqu’un qu’on aime, si intelligent, ne rien faire de ses journées » témoigne Laure, une autre maman.

Et pourtant, ils n’ont pas le choix, ces parents, qui sont en première ligne. Même déboussolés, il leur faut s’investir rapidement auprès de leur proche malade, car, comme l’explique encore Valérie : « La désocialisation est très rapide, les amis se raréfient, le travail est très instable ».

Ils sont nombreux à témoigner que leur cœur de père, de mère, de frère, de sœur, si éprouvé, s’est aussi amélioré, capable de patience, de sagesse, d’inventivité, pour accompagner ce proche souffrant.

VD : Comment ces proches peuvent-ils faire face et aider la personne malade ?

Ombres & Lumière nous apprend alors qu’une des clefs du salut pour ces proches, c’est de ne pas rester seul. C’est le rôle des associations comme l’UNAFAM, Relais Lumière Espérance, ou encore le service Ecoute & Conseil de l’OCH que d’apporter des outils pour faire face : informations sur la maladie dont souffre le proche, groupes de paroles pour apprendre les bons mots, les bons gestes. Ils vont petit à petit apprendre à apprivoiser la maladie, à vivre avec elle, et surtout à prendre soin de soi. « Quand la famille va mieux, elle aide le malade à aller mieux » nous dit un papa.

Ce chemin pour aller mieux est lent et parfois chaotique. Mais ils sont nombreux à témoigner que leur cœur de père, de mère, de frère, de sœur, si éprouvé, s’est aussi amélioré, capable de patience, de sagesse, d’inventivité, pour accompagner ce proche souffrant. Ce que José Raisson, diacre et conseiller spirituel de Relais Lumière Espérance nomme « la grâce fragile qui nous tient encore debout près de ce proche souffrant, en qui vit Jésus ».

C’est cette grâce fragile que l’on retient de ces témoignages, un peu comme une lumière qui vient percer cette nuit de la maladie psychique ; une lumière qui peut se faire tellement vive qu’elle vient illuminer ces vies éprouvées.

Philippe de Lachapelle sur Radio Notre-Dame – 14 décembre 2021

Partager