Une année de consolation – Chronique Radio Notre Dame

Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame –  31 décembre 2024

Nous entrons dans une nouvelle année civile. Je vous souhaite, Simon, et à tous ceux qui nous écoutent, une belle et sainte année 2025. Une année que je souhaiterais joyeuse et consolante tellement l’année précédente a été rude pour beaucoup.

Simon : Vous souhaitez adoucir le quotidien de ceux qui souffrent ?

En effet Simon. Et la souffrance est grande ! Le cercle vulnérabilité et société dont l’objectif est de convertir le potentiel des vulnérabilités en progrès social et économique nous rappelle souvent que la vulnérabilité est omniprésente : deuil, maladie, handicap, chômage, précarité … la vulnérabilité est finalement davantage une norme qu’une exception. Nous sommes extrêmement nombreux à faire partie du cercle des vulnérables, à potentiellement souffrir comme vous le dites. Pour consentir à sa vulnérabilité, être consolé est une aide précieuse ; alors je forme le vœu que nous construisions de multiples havres de consolation pour tous ceux qui traversent l’épreuve. 

Simon : Comment concrétiser ce vœu ?

Comme dirait Christophe André, psychiatre et psychothérapeute, il ne s’agit pas de créer des lieux pour trouver des solutions à tout, mais de permettre de faire du bien à ceux que nous croiserons sans prétendre effacer l’adversité qui les frappe. Une maman dont la fille est devenue handicapée à la suite d’une noyade me disait il y a peu de temps : « je pleurais tout le temps, je pensais être inconsolable. Je me noyais dans mes larmes. Par petites touches mes proches m’ont aidée ». Son chagrin et sa blessure sont immenses. Je ne peux sans doute pas arrêter ses sanglots, mais je peux être une présence consolatrice, apaisante … par petites touches comme elle le dit. Il y a quelque temps, je participais à une journée pour les animatrices Cœur de maman Cœur de maman organise des groupes de parole de mamans d’enfants handicapés ou malades – Sophie Lutz, maman de Philippine, polyhandicapée, et auteur de plusieurs livres est venue encourager ces animatrices à faire de ces petits groupes des lieux de consolation car les mamans en ont bien besoin. Sophie témoignait que la consolation vient souvent de là où on ne l’attend pas, dans un moment où on arrive à détourner son regard de ce qui nous pèse. Les cœurs de maman offrent aux mamans cette possibilité de détourner leur regard du quotidien étouffant.

Simon : Toutes nos communautés, familiales, amicales ou ecclésiales peuvent être aussi des ilots de consolation où la personne peut regarder ailleurs pour goûter à la vie autrement.

Exactement, et c’est le souhait que je formule, faire de nos communautés des lieux consolants. Christian Bobin écrit, dans « La Plus que vive » : « La joie ne vient pas du dedans, elle surgit du dehors – une chose de rien, circulante, aérienne, volante. On lui accorde beaucoup moins de crédit qu’à la tristesse qui, elle, fait valoir ses antécédents, son poids, sa profondeur ». Consoler, c’est permettre aux autres de s’apercevoir que l’on arrive à nouveau à accorder autant de crédit à la joie qu’à la tristesse. Cette année, soyons facilitateur de joie !

Chroniques animées par par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame.

Partager