Dossier

Une trisomique en odeur de sainteté

portrait de Claire Emérentienne
© D. R.

Porteuse de trisomie 21, Claire Emérentienne Fichefeux est morte en 2014, laissant dans son sillage un parfum de sainteté, au point qu’une cause en béatification pourrait être ouverte. Enquête sur une jeune femme hors norme.

Claire Emérentienne. Ce prénom, original, ne vous dit pas forcément grand-chose. Et pourtant. C’est celui d’une jeune femme à qui Sabrina et Steven J.Gunnell ont consacré un film diffusé en octobre sur KTO, qui sera suivi dans quelques mois d’une version longue en DVD. En 2019, Carine Dequenne, canoniste installée à Rome, a débuté un travail d’enquête pour voir s’il était possible d’introduire une cause en canonisation. Le philosophe Fabrice Hadjadj a suggéré au pape François qu’il serait bon d’ouvrir cette cause. Alors, qui est Claire Emérentienne qui a tellement frappé ceux qui ont croisé son chemin ?

Grand amour pour Jésus

Claire est née en 1986, porteuse d’une trisomie 21. Ses parents ont mis plusieurs mois à signer un acte d’abandon, et c’est à neuf mois qu’elle est adoptée par Jacques et Marie-Hélène Fichefeux. Elle est alors, comme ils le disent « ridée comme une vieille pomme », et ne pèse que 2,6 kg. Traumatisée par son abandon, elle pleurera toutes les nuits pendant des mois, cherchant à être entourée, rassurée, consolée. Choyée par cette famille qui comprend déjà sept enfants, elle va finir par trouver la paix, et sera même celle qui, à chaque fois, déliera les tensions inhérentes à toute vie de famille. Courageuse et tenace, elle va poursuivre un parcours scolaire qui la conduira à devenir, à 22 ans, fonctionnaire de la restauration à l’Arsenal de Toulon. Une grande fierté !

Ayant un grand amour pour Jésus et baignée depuis toute petite dans la Communauté de l’Emmanuel dont ses parents sont des membres actifs, elle va éprouver le désir de s’y engager à son tour. Les responsables successifs de la province sont réticents. Son engagement sera-t-il pleinement conscient ? Agit-elle par imitation ? Par désir de faire plaisir ? Elle ne lâchera rien et au bout de sept ans, son vœu est exaucé. Comme tout membre, elle aura une vie en maisonnée avec une réunion chaque semaine. Son responsable se souvient : « Claire a très souvent demandé la prière des frères, faisant ainsi grandir en sainteté notre maisonnée par sa ferveur, son amour de Jésus, sa simplicité d‘enfant, la joie de sa louange et la beauté de son sourire. » Claire était très espiègle. Sa maman a bien cru à une énième blague quand elle l’a découverte un matin dans son lit, la tête cachée sous sa longue chevelure épaisse. Mais non, à 27 ans, elle qui avait écrit quelque temps auparavant dans un petit carnet, « ma décision est d’adorer plus souvent et de prendre le Seigneur comme époux et d’aimer Jésus jusqu’au bout », était partie rejoindre son Bien-Aimé.

Ascension spirituelle

Entre son engagement dans la communauté et son entrée au Ciel, six mois se seront écoulés. Six mois durant lesquels elle va connaître une ascension spirituelle forte. Deux mois avant sa mort, elle écrivait : « Je n’ai pas assez d’amour à donner à Jésus en premier. » Comme beaucoup de personnes trisomiques, elle pouvait être très démonstrative dans son affection. Il était difficile pour elle de ne pas « coller » les prêtres pour lesquels elle avait une attirance particulière. Un soir, elle convoqua ses parents pour leur déclarer très solennellement : « Voilà, j’ai compris, je veux que Dieu soit en premier, même avant les prêtres ». Cela lui a coûté mais elle a tenu bon. Elle dépassait ainsi l’affectivité dans ses relations pour entrer dans une relation plus forte avec le Seigneur. Signe parmi d’autres, qui manifeste le chemin parcouru par Claire et raison pour laquelle certains pensent à sa canonisation.
D’autres signes jalonnent son chemin (…).

Christel Quaix, 26 octobre 2022 – ombresetlumiere.fr

Découvrir le témoignage complet dans  le dossier d’Ombres & Lumière, n°250 : « Handicap et sainteté, des chemins cachés ».

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