Artisans de paix

Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur RCF – 6 mai 2024

Après-demain, nous célébrerons l’armistice du 8 mai 1945 qui a marqué la fin de la seconde guerre mondiale et le début de la plus longue période de paix qu’a connue l’Europe. Bientôt 80 ans de paix à célébrer mais des conflits et des guerres dans de nombreux pays dans le monde qui nous rappelle que la paix est un don merveilleux à préserver et à protéger. Non seulement entre les nations, mais aussi et surtout entre les personnes, dans nos familles, avec nos voisins, nos amis, nos proches et moins proches. Certaines personnes fragiles possèdent cette capacité particulière d’être artisans de paix.

Bruno : Florence, avez-vous des exemples à nous donner ?

Je pense à une anecdote racontée par un ami prêtre. Un jour, durant la Messe dans un foyer de vie de personnes handicapées, alors que ce prêtre demandait à l’assistance ce que chacun voulait déposer sur l’autel comme intentions, l’une d’elle s’est levée pour aller demander pardon à une amie du foyer, justifiant cet élan par la recommandation évangélique : « lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande ». Vous voyez Bruno, c’est peut-être cette capacité de certaines personnes fragiles à prendre l’Evangile au pied de la lettre qui leur donne cette capacité à faire la paix autour d’elle. Imaginez un peu que nous nous mettions tous à appliquer l’Evangile au pied de la lettre, quelle révolution d’amour cela serait ! Je pense aussi à toutes ces communautés de personnes handicapées qui vivent ensemble avec leurs limites et leur foi si différente. Chrétiens, hâtés ou musulmans vivent parfois sous le même toit.  Un jeune éducateur d’un de ces lieux de vie m’avait rapporté que ce qui l’avait le plus frappé c’était la capacité des résidents à se dire pardon.

Bruno : pensez-vous que la fragilité est occasion de paix ?

Effectivement Bruno, je vous ai parlé de la personne fragile qui prend l’initiative d’une démarche de paix, mais elle peut également susciter des initiatives de paix autour d’elle. Un ami me racontait avoir fait l’expérience d’une visite dans un Café Joyeux récemment installé dans son entreprise. A l’occasion d’un café pris entre collègues, il a pu assister à un véritable changement d’attitude de la part de personnes plus habituées dans le monde professionnel à la compétition et à l’agressivité commerciale qu’à l’attention aux autres et à la présence bienveillante. Cet ami témoignait que le service du café, d’un style moins académique, un peu déstabilisant, mais très simple et amical a été l’occasion d’une parenthèse de paix durant laquelle une douceur inhabituelle régnait au sein du groupe de ces cadres pourtant habitué aux plaisanteries et aux critiques faciles. Vous le voyez, Bruno, nous pouvons célébrer le 8 mai en accueillant nos fragilités et les fragilités des personnes que nous rencontrons. Si la guerre est déferlement de puissance, avec le résultat que l’on connaît, accueillir nos fragilités est la meilleure façon de faire déferler la paix.

Chroniques animées par Bruno Fumat sur les ondes de RCF.

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