Les blessés psychiques de guerre
La reconnaissance de la blessure psychique en opération militaire est récente. En mars dernier a eu lieu à Paris un colloque sur le thème Accompagner la blessure psychique du militaire, organisé par Solidarité Défense. Ce colloque a aussi mis en évidence les besoins des victimes collatérales : l’entourage.
Quelques semaines plus tard, le 10 mai dernier, Patricia Miralles, secrétaire d’état chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, a présenté le nouveau plan d’accompagnement des blessés militaires et de leurs familles : 116 mesures qui visent à faciliter les démarches administratives et aussi à améliorer l’accompagnement des blessés et de leur famille.
L’objectif étant que le soldat puisse se soigner quelle que soit sa blessure, physique ou psychique et que la situation de la famille soit bien prise en compte dans ce parcours de reconstruction. Ce jour-là, la secrétaire d’état a parlé de l’ouverture de 10 maisons Athos.
Simon : Que proposent ces maisons Athos ? C’est une première ?
Il existe déjà 4 maisons Athos en France. La quatrième maison a été inaugurée dans le Morbihan, dans la commune de Pluneret il y environ un mois. Ces maisons permettent aux blessés exclusivement psychiques de se relever dans un environnement non médicalisé.
Lors de l’inauguration, Patricia Miralles, secrétaire d’état, a déclaré : « Athos est un dispositif de reconstruction et de réhabilitation qui met le blessé au cœur de son parcours. Il en est l’acteur principal, le décideur, accompagné par des équipes aux parcours, aux fonctions et aux compétences variées. Pas à pas, il va pouvoir se projeter ».
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L’ouverture de ces maisons montre l’importance de l’accompagnement du blessé psychique. La secrétaire d’état ajoutant « Ce n’est pas un dispositif militaire mais c’est un dispositif pour les militaires, dans un environnement où ils sont compris et où la particularité de leur métier et de leur engagement est parfaitement intégrée ».
Ces lieux d’accueil sont des maisons participatives. Randonnées, visites culturelles, sports, jardinage, cuisine… De nombreuses activités viennent rythmer les journées des membres des maisons Athos. Les blessés décident du planning et de la programmation de la semaine suivante. Cette dynamique de volontariat représente la grande spécificité de ces maisons d’accueil et de repos : le blessé prend des décisions, il devient acteur et s’autonomise.
Simon : Qui sont ces blessés psychiques de guerre ? quels sont leurs besoins ?
Selon l’armée, ils sont 3000 blessés de guerre en France. Ils souffrent de blessures imperceptibles mais extrêmement profondes. Par exemple, Christian, un des accueillis, blessé psychiquement à la suite du génocide au Rwanda au début des année 90 témoigne dans un reportage télévisé qu’il a lutté pendant des années pour finalement reconnaitre son besoin de partager avec d’autres blessés. Il participe ainsi aux activités de jour plusieurs fois par semaine.
Florent, lui, est en pension complète. Ce soldat profite de la capacité d’hébergement de la maison Athos pour se reconstruire. Il est en effet tombé dans une forte dépression après avoir perdu un frère d’arme au Mali. Christophe, un autre accueilli vient une fois par semaine pour continuer à panser ses blessures qui l’empêchent encore de pouvoir prendre le train ou d’aller faire ses courses. Il ne recherche pas à guérir de ses blessures mais à apprendre à vivre avec.
De cette maison Athos, il dit et résume bien ce dont chaque soldat a besoin : Les seules personnes qui nous comprennent vraiment, ce sont nos camarades. Cette maison, c’est l’endroit où on est ce qu’on est. On n’imagine pas toujours ce que peuvent affronter les soldats sous l’uniforme. Ces soldats blessés mènent un autre combat, celui de la reconstruction, portés par leurs frères d’armes.
Florence Gros sur Radio Notre Dame – 30 mai 2023