Ensemble pour construire un château de sable

Radio Notre Dame :

Si vous le permettez Simon, je vais démarrer cette rentrée avec un souvenir de vacances. Cet été j’ai eu le plaisir d’aller au bord de la mer. La plage est un terrain de jeu incroyable. Si la baignade est une activité incontournable pour ceux qui ne sont pas découragés par la fraicheur de l’eau, il faut aussi observer petits et grands déployer leur énergie et leur imagination dans toutes sortes d’occupations. Quand certains, avec leur épuisette partent pêcher, d’autres sortent les boules, leurs raquettes ou leurs pelles. C’est ainsi que voient le jour, des canaux, des écluses ou des parcours de billes … Les générations se mélangent et rient. Un après-midi, j’ai été témoin d’une belle collaboration intergénérationnelle qui m’a donné à réfléchir.

Simon : Pouvez-vous nous en dire plus ?

Alors que la mer commençait à remonter, quelques adolescents se sont attaqués à un château de sable contre la mer. Vous connaissez Simon le principe : faire un château le plus haut et le plus solide possible pour résister à la montée des eaux. Il ne s’agit pas de faire un beau château décoré de coquillages mais un château fort. Assez vite les adolescents à leur insu ont créé l’attraction de la plage. Des enfants intrigués par ce château qui prenait de la hauteur, sont venus apporter des algues pour le fortifier, des adultes ont prêté mains fortes avec leurs bêches pour le consolider. D’autres faisaient des tunnels et des douves pour que la mer s’y engouffre laissant un peu de répit au château. Un grand-père encourageait les enfants de sa voix forte. Il y avait ainsi des dizaines de personnes à la tâche telle une ruche hyper active. Toute l’attention était portée à rendre ce château indestructible dans un joyeux bazar organisé et pourtant vous connaissez, Simon, le dénouement.

Simon : La mer a-t-elle fini par détruire le château ?

Oui Simon. Nous savons tous qu’un château de sable ne peut pas résister à la puissance de la marrée montante. Personne n’est dupe mais ce n’est pas la déception d’un château anéanti que nous pouvions lire sur les visages de tous les acteurs. C’était l’enthousiasme, l’exaltation. Ce temps et cette énergie partagés avaient mis chacun dans la joie jusqu’aux spectateurs inactifs. J’en faisais partie.

Simon : Qu’est-ce que cette expérience vous inspire ?

J’ai regardé avec admiration les adolescents qui ont initié le château. Ils ont accueilli avec bienveillances les aides diverses. Ils se sont laissé bousculer par l’inefficacité des très jeunes enfants et les conseils parfois contraires des plus grands. Ils ont permis un moment de fraternité gratuite où chacun a donné le meilleur de lui-même. Cet été, le pape François a invité les jeunes aux JMJ à « ne pas avoir peur d’être des signes d’Espérance pour celui qui est découragé, malade, à être attentif pour celui qui est seul, à ne pas confondre le bonheur avec un divan, à cultiver le rêve de la fraternité ». Et si, cette année, collectivement, comme ces adolescents et à l’appel du pape, nous cherchions avant tout à « travailler » ensemble, à unir nos savoir-faire, à oser le lien avec nos voisins que la maladie, le handicap ou le grand-âge isolent. Et si, comme ces vacanciers, nous gardions notre enthousiasme quand la mer fracasse nos murailles de sable, confiants dans le Christ qui marche sur les eaux. Soyons audacieux et encourageons-nous !

Florence Gros sur Radio Notre Dame – 5 septembre 2023

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