La messe télévisée pour soulager des efforts ?
Nathalie : J’ai des difficultés à me mettre en relation avec les paroissiens du fait de ma maladie. Pendant le confinement j’ai pris goût à la messe télévisée qui me soulage des efforts à faire vis-à-vis de la communauté. Qu’en pensez-vous ? Puis-je continuer ainsi ?
Bonjour Nathalie !
Votre préférence pour les messes télévises peut se comprendre puisque vous éprouvez des difficultés pour vous mettre en relation avec les paroissiens du fait de votre maladie. Ces messes, écrivez-vous, me soulagent des efforts à faire vis-à-vis de la communauté.
Ma première réaction concerne votre communauté et les efforts qu’elle devrait faire elle-même pour vous intégrer pleinement et prioritairement puisque vous connaissez l’épreuve de la maladie. De votre côté, ne baissez pas les bras et n’hésitez pas à prendre des initiatives audacieuses et originales pour faire connaître vos attentes. Je pense à cette personne n’ayant plus l’usage de ses jambes et qui ne supportait plus de se sentir isolée dans sa paroisse. A la sortie d’une messe, elle a distribué un tract avec ces paroles : J’ai besoin de fraternité chrétienne. J’existe. Parlez-moi, s’il vous plaît. Merci.
En ce qui concerne les messes télévisées, je vous partage mes convictions basées sur ma foi : s’en contenter (ou ne plus participer du tout à la messe) quand on peut participer physiquement à la messe d’une communauté, c’est un comportement qui fait courir le risque de dévier de la foi catholique en l’eucharistie. C’est donc aussi s’exposer à ne plus bénéficier des grâces de ce sacrement. Hélas ! C’est ce que font les catholiques de France dans leur grande majorité : 96 % d’entre eux se dispensent régulièrement de la messe dominicale ! Ceci ne veut pas dire qu’ils ne prient pas ou ne sont pas de « bonnes personnes ». Peut-être leur a-t-on mal expliqué ce qu’est l’eucharistie. Quoiqu’il en soit, je ne porte pas ici un jugement moral. Je me place dans la perspective de la foi catholique en l’eucharistie et donc de notre relation avec Jésus car c’est de Lui dont il s’agit avant tout, Lui qui nous invite à la messe pour nous donner sacramentellement sa vie.
Je participe à la messe de la communauté parce que j’ai besoin de Jésus et qu’il a besoin de moi ; et aussi parce que j’ai besoin des autres et que les autres ont besoin de moi.
De plus nous n’avons pas reçu la foi et le baptême pour en vivre isolément mais en corps, en communauté (voyez ce qu’en dit saint Paul dans sa 1ère lettre aux Corinthiens au chapitre 12). Vous connaissez sans doute ces affirmations : un chrétien isolé est un chrétien en danger… un chrétien qui s’isole est un chrétien qui s’étiole. L’eucharistie nous rassemble pour qu’en recevant le corps eucharistique du Christ nous devenions son corps mystique c’est-à-dire son Eglise dans laquelle nous sommes complémentaires les uns des autres dans la diversité de nos situations et vocations. Tour cela en vue de notre unique mission : annoncer l’évangile en actes et en paroles.
Je participe à la messe de la communauté parce que j’ai besoin de Jésus et qu’il a besoin de moi ; et aussi parce que j’ai besoin des autres et que les autres ont besoin de moi. Pour cela le contact, l’échange de paroles et de regards, la prière commune et donc la présence physique sont très importants. Imagine-t-on une famille qui s’aime et dont l’un de ses membres dirait aux autres : « Je vous aime bien mais je n’ai pas besoin de vous rencontrer. Ce n’est pas la peine de venir me rendre visite ni que j’aille vous voir. Je vous regarde sur les photos et les petites vidéos que vous m’envoyez » ?
Ne pas participer à la messe dominicale (sauf empêchement réel et grave, évidemment) peut sembler de la négligence. En réalité c’est dire au Christ : « Je n’ai pas besoin de ton Eglise ni de l’eucharistie que tu as laissée comme signe efficace de ta présence. » Mais je ne crois pas que beaucoup aient consciemment une telle réaction. Je pense plutôt que si tant de baptisés ne participent pas à l’eucharistie c’est parce qu’ils ne savent pas qui est le Christ, ni ce qu’Il nous donne, ni ce qu’Il nous demande.
Voilà les quelques réflexions que m’inspire votre demande, chère Nathalie. J’espère qu’elles vous apporteront quelques lumières.
P. Gérard