Le magistère de la fragilité

le pape François caresse le visage d'une jeune femme trisomique.
© Antoine Mekary / Godong

Il y a quelques jours, je rencontrais une femme tétraplégique. Ce fut une rencontre édifiante. Cette jeune femme témoignait du temps très long qu’il lui avait fallu pour se reconnaitre handicapée. Son handicap a été un vrai combat pendant des années et aujourd’hui elle en parle comme chemin vers Dieu, comme ouverture sur le don et la relation aux autres. Totalement dépendante, elle doit demander de l’aide pour tout, ce qui la met constamment en relation.

En l’écoutant, elle m’aidait à comprendre le magistère de la fragilité dont le Pape a parlé plusieurs fois et avec autorité lors de la dernière journée internationale des personnes handicapées. Elle incarnait le message du Pape.

Bruno : Pouvez-vous nous expliquer ce magistère ?

Je le comprends comme étant une spiritualité qui conjugue l’accueil de ses propres fragilités et de la puissance de Dieu qui donne tendresse, réconfort et miséricorde.

Le Pape écrit que si ce magistère était écouté, il rendrait nos sociétés plus humaines et fraternelles « en amenant chacun à comprendre que le bonheur est un pain qui ne se mange pas seul ». Le Pape nous exhorte à prendre conscience que nous avons besoin les uns des autres.

Et il ajoute : « le magistère de la fragilité est un charisme avec lequel les personnes handicapées peuvent enrichir l’Eglise. La présence des personnes handicapées peut aider à transformer les réalités dans lesquelles nous vivons, en les rendant plus humaines et accueillantes. Sans vulnérabilité, sans limites, sans obstacle à surmonter, il n’y aurait pas de véritable humanité ».

S’accueillir avec nos fragilités et écouter les plus fragiles qui sont nos maîtres.

Pape

Bruno : Le Pape donne là une place toute particulière aux personnes handicapées, une vraie légitimité.

En effet Bruno. De fait, les personnes handicapées témoignent parfois de leur grande confiance en Dieu qui comme le rappelle le Pape, « grandit au fur à mesure que l’on prend conscience de ses propres limites ».

Cette jeune femme que j’ai rencontrée est animée par cette confiance en Dieu. Elle en rayonne. On peut passer à côté d’elle et ne voir que son handicap, ou oser la rencontrer et sortir de cet échange grandi en humanité et connaissance de l’amour salvateur du Seigneur qui « bien au-delà de nos imperfections, nous donne sa proximité, sa force, et donne sens à notre vie ».

L’intuition de l’OCH est que chaque personne handicapée puisse avoir toute sa place dans la société et dans l’Eglise, que nous pouvons même construire la société et l’Eglise autour des personnes handicapées.

Quand Jean-Christophe Parisot, décédé à la suite d’une myopathie avait confié à l’OCH, je le cite : « Les personnes handicapées ont une mission, redonner du sens aux jours qui viennent et d’aider à retrouver le goût des autres », il confirmait ce à quoi le Pape nous invite : s’accueillir avec nos fragilités et écouter les plus fragiles qui sont nos maîtres.

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