Les personnes handicapées objet de maltraitance

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VD : De temps en temps, un fait divers médiatique nous rappelle que la violence et la maltraitance concernent aussi les personnes handicapées. Mais trop vite on l’oublie.

Quand on me demande si je veux prendre un dernier verre, je n’imagine pas qu’il s’agisse d’autre chose que d’étancher sa soif ». Lalie qui parle ainsi est autiste asperger. C’est lors d’un colloque sur les violences faites aux femmes en situation de handicap qu’elle a tenu ces propos. Le propre des personnes asperger, c’est de ne pas distinguer l’implicite dans une telle proposition, avec la conséquence dramatique qu’on redoute: le viol qu’elle a subi, en plus des harcèlements et des violences à répétition depuis son plus jeune âge.

Ombres & Lumière nous livre de nombreux témoignages qui illustrent la triste diversité des maltraitances, d’inégales gravité, certes, mais qui bouleversent à vie les personnes qui sont atteintes.

VD : ce que vit Lalie, est-ce un cas isolé ?

Hélas, non, Valentin ! C’est ce que révèle la revue Ombres & Lumière qui consacre un dossier des plus affligeants, mais des plus nécessaires, sur le sujet des violences, abus et maltraitances vis-à-vis des personnes en situation de handicap. Toutes les statistiques le montrent, elles sont beaucoup plus nombreuses que la moyenne à être victimes de maltraitances en tous genres. Denis Piveteau, ancien président de la commission pour la lutte contre la maltraitance et pour la promotion de la bientraitance l’explique ainsi : « la relation d’aide n’a pas d’autre objet que la bientraitance. La maltraitance, c’est le vice qui détruit le sens même de ce que l’on fait. Et d’ajouter : plus la personne est vulnérable et dépendante, plus le besoin d’aide est intense, plus la question de la maltraitance devient vitale ».

Ombres & Lumière nous livre de nombreux témoignages qui illustrent la triste diversité des maltraitances, d’inégales gravité, certes, mais qui bouleversent à vie les personnes qui sont atteintes. Personnes handicapées, parents, psychologues et autres experts nous donnent ainsi des clefs pour les repérer, les dénoncer, mais aussi les prévenir.

VD : Ce n’est donc pas une fatalité, il y a une prévention possible ?

Elle est là la lueur d’espoir, Valentin : Ombres & Lumière rend compte des progrès déjà accomplis en la matière, qui irriguent tout le champ du handicap : la parole et l’éducation des personnes vulnérables, la formation des professionnels, les procédures de veille et de signalement, … Le véritable enjeu est un changement d’état d’esprit pour que se développe une culture de bientraitance. Pour Denis Piveteau, cela suppose une relation équilibrée dans toute relation d’aide, qu’elle soit professionnelle ou familiale : « si on est dans l’idée que cette relation ne m’apporte rien, -dit-il- on se met au risque de la maltraitance. Il faut cultiver la découverte des réciprocités » .

Une culture dans laquelle s’inscrit pleinement et depuis longtemps l’OCH, qui a pour signature : « La lumière d’une rencontre » ! Une lumière que nous pouvons tous faire briller, en cherchant dans nos rencontres avec les personnes vulnérable, à partager aussi nos propres vulnérabilités, pour apprendre non seulement à donner, mais aussi à recevoir.

Philippe de Lachapelle sur Radio Notre-Dame – 25 janvier 2022

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