Nature et handicap

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Avec le printemps et bientôt l’été, comment ne pas être sensible à cette nature qui explose. La nature renaît et nous offre un spectacle de couleur et de lumière tellement bon pour tout notre être, sans oublier les chants d’oiseaux qui viennent nous réjouir par leurs mélodies.

Ces saisons nous offrent l’occasion de recréer du lien avec tout ce qui nous entoure, tout le vivant dont on a tant besoin. Les bienfaits de la nature sont incontestables pour chacun. Qu’en est-il pour les enfants handicapés qui ne peuvent pas aller spontanément gratouiller la terre, quitter aisément leur tapis de sol …

L’association lyonnaise une Souris Verte qui agit pour favoriser l’accueil des enfants en situation de handicap avait ainsi mené une réflexion pour définir les conditions permettant aux enfants vivant en institution d’être en contact avec la nature. Cette réflexion a fait particulièrement écho en moi à la suite de la lecture de l’introduction du livre de Baptiste Morizot, Manière d’être vivant aux édition Babel.

Bruno : Quel lien faites-vous entre la réflexion de l’association « une souris verte » et le livre de Baptiste Morizot ?

Baptiste Morizot ose une idée originale. Il dit et je le cite : « La crise écologique actuelle, plus qu’une crise des sociétés humaines d’un côté, ou des vivants de l’autre, est une crise de nos relations au vivant ». Il parle de « crise de la sensibilité », c’est-à-dire un appauvrissement de ce que nous pouvons sentir, percevoir, comprendre et tisser comme relation à l’égard du vivant.

Alors quand l’association dit l’importance de créer un espace où cohabitent végétation, animaux à poils ou antenne, cailloux, bouts de bois, et humains pour que l’enfant handicapé expérimente dans cet environnement cette relation au vivant, elle ne fait que confirmer l’idée de Baptiste Morizot. Bien sûr, l’association prodigue aussi des conseils très pratiques pour que l’expérience des enfants handicapés soit riche. Conseils qui pourraient également nous être utiles.

Bruno : Avez-vous des exemples à nous partager ?

Par exemple Bruno, allonger l’enfant et changer son seuil d’observation qui est la position assise le plus souvent pour l’enfant polyhandicapé, abandonner parfois le tapis de sol, étudier la possibilité de faire dormir les enfants dehors comme c’est le cas pour un certain nombre de crèches en Europe … Des conseils à étudier qui nous rappellent que nous avons sans doute des habitudes ou des peurs qui limitent notre capacité à vivre vraiment avec le vivant qui nous entoure.

L’autre jour à la sortie de la messe, je vois un petit neveu de 4 ans gratter le sol terreux avec ses chaussures. Je lui demande : « Que fais-tu ? ». Il me répond : « Je cherche les petites bêtes qui vivent sous la terre ». Voilà bien longtemps que je ne me suis pas préoccupée des petites bêtes qui vivent sous mes pieds. Suis-je l’exemple même de cette perte de sensibilité que décrit Baptiste Morizot ?

La nature est magnifique. Saisissons son invitation à voir la richesse du milieu vivant avec lequel nous cohabitons. Le monde dépend de tant d’espèces différentes !

Florence Gros sur RCF – 5 juin 2023

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