Est-ce que Dieu a voulu que je sois handicapé ?

Il est impossible d’avoir une réponse théorique à cette question. En effet, Dieu ne veut pas le mal. Or le handicap est source de souffrance, d’isolement. On se sent différent et c’est compliqué. En ce sens, le handicap est un mal… Alors, pourquoi moi ? Dieu est-il méchant ?

Pour moi, le handicap est un chemin que la vie m’a demandé de parcourir. Je déteste toutes les périphrases qui parlent de « personnes porteuses de handicap » ou de ce genre. Je n’ai pas peur de dire que je suis handicapé. Oui, ce handicap a façonné ma personnalité avec la force, l’envie de me battre, mais aussi ma fragilité et ma dépendance.

C’est dans cette existence-là, marquée par la souffrance, mais aussi de fantastiques expériences de soutien, de solidarité et d’entraide que j’ai rencontré Dieu. J’ai découvert que Dieu n’est pas lointain. Au contraire, il s’est fait proche de moi, tellement proche qu’il a accepté de souffrir pour moi. J’ai découvert que pour Dieu, la souffrance n’était pas un obstacle, mais qu’elle pouvait devenir un chemin d’humanité, aussi étrange que cela puisse paraître.

Mon handicap m’a rendu plus sensible à la souffrance des autres. Il m’a aussi permis de développer des facultés et des capacités que je n’aurais pas exploitées sinon. J’ai aussi découvert que le handicap n’était pas un obstacle à la relation, à l’amitié et à l’amour (là, il m’a fallu du temps, beaucoup de temps…).

Je ne sais toujours pas si Dieu a voulu que je sois handicapé. Mais je sais qu’il s’est donné à moi, aussi à travers cela. Et moi qui ai la chance de le connaître et de l’aimer, il m’a donné une mission simple et essentielle : Témoigner que rien n’empêche d’aimer. Rien n’empêche de rencontrer l’autre. Rien n’empêche de vivre, mais il faut parfois, souvent, changer son regard sur ce qu’est la vie et une vie réussi.

Je crois même pouvoir dire aujourd’hui que je suis devenu de plus en plus humain, de plus en plus incarné, parce que je ne peux jamais faire abstraction de mon cœur. Dieu l’a-t-il voulu ? Je ne sais pas. Ce que je sais c’est le chemin qu’il m’a permis de parcourir et le sens que je suis capable d’y donner maintenant. Dieu veut que nous soyons des hommes libres, des hommes debout. Le fait d’être empêché par mon corps de faire ce que je veux, de tomber souvent m’a permis de réaliser que la vraie liberté était ailleurs, que la dignité était autre chose que de se tenir à la verticale, mais signfiait garder son cœur vers le haut.

L’humain est fragile, façonné d’argile. Il est un être de relation :

il n’est pas bon que l’homme soit seul

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