Prendre soin de nos relations

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Radio Notre Dame

Il y a peu de temps, je prenais un taxi avec une amie qui, à la suite d’un accident de bus, a été amputée d’une jambe. Elle se déplace en fauteuil roulant, ne pouvant bénéficier d’une prothèse. Cette amie ne cache pas qu’elle se serait bien passée de ce terrible accident qui a fait basculer sa vie.

Cette femme vivait à 100 à l’heure, elle était pleine de projets. Courir dans tout Paris était son quotidien. Cet accident l’a obligée à ralentir son rythme, à faire des deuils et il a complètement changé ses rapports avec ses frères. Elle me témoignait que ses frères avaient réalisé qu’ils avaient une sœur le jour de son accident parce que, sans doute, ils avaient eu peur de la perdre. « Aujourd’hui, ils prennent soin de moi, les relations sont douces » me confie-t-elle. Ce n’est pas la première fois que j’entends que la peur de perdre un être cher transforme les relations humaines.

Simon : Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Nous courons beaucoup sans toujours nous rendre compte qu’on risque de passer à côté de choses essentielles. Notamment les relations fraternelles. Construire des relations fraternelles est essentiel. Nous sommes des êtres de relation. La relation nous nourrit. Comment ne pas l’oublier ? Comment intégrer dans nos emplois du temps cette dimension ? Comment prendre soin de notre famille, de nos amis avant qu’il ne soit trop tard ?

C’est le vœu que je fais pour cette année nouvelle. Que chacun puisse vivre davantage de belles relations fraternelles. N’attendons pas. Encourageons-nous.

Simon : Est-ce qu’il y a une bonne façon de vivre les relations humaines ?

Le pape François parle souvent des relations humaines et nous donne des pistes. Il incite pour que chacun de nous « s’arrête » et « s’ouvre » à soi-même et aux autres. Il nous invite à la gratuité de la relation, au pur désintéressement de la relation, à vivre chaque occasion de communication comme une rencontre vraie et non superficielle qui ouvre à un dialogue fécond.

J’aime bien cette idée d’occasion. Je suis certaine que parfois des occasions nous sont données pour vivre un temps relationnel de qualité mais, mus par l’efficacité et peu ouverts à l’inattendu, nous passons à côté.  Restons attentifs.

Quand j’ai pris le taxi avec cette amie, je m’apprêtais à prendre le métro. Elle attendait son taxi. En échangeant quelques mots, nous avons découvert que nous allions dans la même direction. Pendant ce bout de chemin ensemble, nous avons eu un « dialogue fécond ». C’était un vrai temps de qualité dont il aurait été dommage de ne pas profiter. C’est mon amie qui a été à l’initiative de ce temps. Elle ne sait pas le cadeau qu’elle m’a fait.

Pour revenir au pape, il nous exhorte aussi à regarder ceux qui nous entourent comme Jésus les regarde.

Simon : Tout ce à quoi le pape nous invite peut paraître exigeant

En effet Simon. Mais cela me fait penser à un psychologue qui m’invitait à une réflexion sur l’efficacité et la fécondité me rappelant que l’efficacité ne devait pas étouffer la fécondité. Dans l’organisation de nos journées, dans notre rapport au temps, dans la façon de vivre nos relations humaines, pensons à faire cohabiter souci d’efficacité et fécondité et laissons-nous inspirer par Jésus, exemple parfait de relation désintéressée, plein d’amour et de miséricorde. Et si on décidait de nous encourager les uns les autres en ce début d’année ? 

Florence Gros sur Radio Notre Dame – 3 janvier 2023

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