Et après moi ?
Et quand les parents vieillissent, la question de l’après devient anxiogène pour eux. « Que va devenir ma fille lorsque je ne pourrai plus m’en occuper ? » me demandait encore Jeanne il y a peu de temps. « Je suis âgée. Comment lui dire que je ne pourrais pas toujours m’occuper d’elle ? » « Je suis seule avec ces questions ». Je suis certaine que ces cris rejoignent beaucoup de parents.
Simon : comment accompagner cela ?
S’il n’y a pas de réponse unique à l’appel de Jeanne, il y a un établissement assez unique en Vendée dont j’ai vu un reportage il y a quelques temps. Ce documentaire est visible sur Arte. Il m’a fait réfléchir. A mi-chemin entre l’établissement spécialisé et l’EHPAD, ce lieu de vie accueille des personnes handicapées mentales avec leur parent vieillissant. Tous bénéficient d’un accompagnement. Tous. J’ai été très touchée par le « sur mesure » proposé aux familles. On se donne du temps. On échange. Les difficultés ne sont pas des problèmes, elles sont accueillies, entendues et des solutions sont proposées. Temps, sur-mesure, écoute, tout semble fait pour que chacun se sente bien accueilli. J’ai aussi été émue devant ces mamans encore en forme, qui ont quitté leur maison, leur ville, leur famille parfois, pour permettre à leur enfant handicapé de vieillir dans un bel endroit sans être coupé de leur parent, pilier de leur équilibre si fragile. Et puis, il y a Jean-Pascal, un homme handicapé qu’on suit au fil du reportage. Il est accompagné dans son autonomie et psychologiquement à la suite du décès de sa maman. Beaucoup de visages poignants.
Simon : qu’est-ce que ce reportage vous inspire ?
Cet accueil familial, le Boitissandeau, répond aux parents qui choisissent de finir leur vie au côté de leur enfant handicapé. Ce n’est pas forcément le souhait de toutes les familles. Je ne veux pas faire ici l’éloge de cette maison d’accueil bien que ce soit un très beau lieu, mais vous partager une réflexion.
Ce film ne me touche pas seulement par ce qui se vit mais aussi par ce qui se dit : Pascale, Marie-Madeleine et d’autres témoignent sereinement, sans langue de bois. Vous les entendez dire : « il n’y a pas pire que la solitude » « Quand on arrive ici, on fait ouf » « Il sait très bien que je vais décéder ». La solitude, le vieillissement, la mort … Plus de peur, on ose parler de tout, avec pudeur et en vérité. Une invitation pour nous spectateurs, à partager, à s’écouter, à ouvrir nos cœurs pour que ces sujets qui nous concernent tous ne restent pas sous silence. Car le cœur qui parle nous aide à dépasser nos peurs. Ne gardons pas pour nous ce qui est source d’angoisse. L’équipe Ecoute & conseil de l’OCH peut d’ailleurs offrir ce temps d’écoute, d’accompagnement, pour ne pas rester seul face aux questions de l’après.
Chronique de Florence Gros sur Radio Notre Dame – 11 octobre 2022