Rompre le silence que provoquent la maladie psychique et le suicide.
Les personnes qui traversent des difficultés psychologiques ou psychiatriques dans leur vie sont nombreuses. En France ce serait plus de 13 millions de personnes. Mais parmi elles, un nombre considérable de personnes cachent leur maladie.
Simon : Comment rejoindre ces millions de personnes, si tout cela reste caché ?
Une initiative audacieuse de l’autre côté de l’Atlantique faisait récemment l’objet d’un article dans la Croix. Un diocèse en Arizona s’est penché sur la question de la santé mentale en créant un ministère dédié aux troubles psychiques. L’évêque qui en eu l’idée a commencé par célébrer une messe en mémoire des personnes qui se sont suicidées.
Il a été surpris par le nombre de fidèles qui ont confié un disparu. Il a ainsi permis à des centaines de personnes de sortir de leur souffrance cachée. Cet évêque sait de quoi il parle, plusieurs membres de sa famille se sont donnés la mort. Dans cette dynamique, des cercles de dialogue vont être créé au sein des paroisses pour ceux qui sont concernés par la maladie mentale.
Simon : Celle-ci recouvre des réalités très différentes il me semble ?
Tout à fait Simon, et cet évêque sait que cela peut aller de la dépression passagère à la psychose, mais que dans tous les cas l’isolement est quasi systématique parce que bien souvent c’est la relation avec autrui qui est altérée. Dans cette initiative, ce qui a suscité particulièrement mon intérêt, c’est cette prise de conscience de la solitude et du silence que génèrent la maladie psychique et le suicide. Et ce souhait d’éviter toute marginalisation.
Cet accueil inconditionnel n’est pas seulement de la responsabilité de quelques personnes mais bien de la nôtre, collectivement.
Florence Gros
Simon : N’y a-t-il rien d’équivalent en France ?
Du chemin se fait. En France, la pastorale de la santé et un certain nombre d’associations travaillent à une Eglise accueillante à chaque personne quelles que soient ses difficultés psychiques. Se développe aussi en paroisse la prière des frères où chacun peut venir confier une intention, une personne, un souci personnel. Cette volonté de prier avec les plus fragiles ou pour le souvenir de ceux qui se sont suicidé est remarquable.
Dans un message du Vatican en 2021, le pape avait aussi manifesté sa proximité avec les personnes qui se sentent dépassées dans leur quotidien, notamment les personnes stressées et en dépression. Il avait donné une intention de prière pour elles.
La Fondation OCH avec sa revue Ombres et Lumière, ses conférences, ses groupes de paroles ou son équipe Ecoute & conseil, veut combattre cette marginalisation. L’OCH porte cette conviction que cela n’arrive pas qu’aux autres. Nous sommes chacun invités à nous associer, à lever le voile de la souffrance liée à cette réalité, à être actif.
Simon : Que pouvons-nous faire concrètement ?
« Ce que vous n’avez pas fait au plus petit, c’est à Moi que vous ne l’avez pas fait », nous rappelle Jésus-Christ en Matthieu 25. Cet accueil inconditionnel n’est pas seulement de la responsabilité de quelques personnes mais bien de la nôtre, collectivement. N’oublions jamais par exemple que dans nos paroisses, dans nos groupes de prière, que notre voisin de banc, notre frère, vit peut-être silencieusement la maladie psychique ou le suicide d’un proche. Demandons par exemple une messe pour les personnes qui se sont suicidées. Laissons-nous habiter, et parfois déranger par l’Esprit Saint. L’Esprit Saint peut nous donner la parole, le geste, le sourire qui consoleront ou rejoindront celui qui souffre. Il peut nous donner l’audace de la rencontre. Il peut nous inspirer des initiatives porteuses de fruits de communion comme l’a fait cet évêque aux Etats unis. Dès aujourd’hui, gardons notre cœur et nos oreilles ouverts à ceux que nous croiserons !
Florence Gros sur Radio Notre Dame – 6 décembre 2022
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