Paternité et fragilité
Il y a quelques temps, j’ai eu la joie de grimper jusqu’à la grotte de la Sainte Baume avec un groupe d’hommes qui étaient invités à méditer sur la paternité et la fragilité. Tous étaient père d’un enfant handicapé. J’ai été très touchée par leur engagement, leur fidélité et le chemin de chacun. Les échanges avec tous ces pères qui osaient avec pudeur dévoiler l’exigence de leur vie, parfois même certaines de leurs difficultés m’ont marquée. Je repense souvent à eux et à ce qu’ils ont pu me partager. J’ai senti que si pour eux l’instinct paternel était assez inné au départ, avec l’épreuve du handicap, encore plus que pour tout père de famille, la paternité au quotidien se construit et s’apprend. C’est pour cela d’ailleurs que l’OCH propose aux papas le 8 octobre prochain des randos dans plusieurs villes. C’est une occasion pour eux de s’enrichir de leurs expériences.
Simon : Et vous, Florence, qu’aimeriez-vous dire à ces papas qui vivent cette paternité singulière ?
Je crois que j’aimerais leur partager 2 de mes récentes lectures. « Nous pères qui sommes sur terre » un recueil de témoignages de papas engagés dans le monde associatif qui ont réfléchi sur leur paternité et aussi « La tentation de l’orphelin » écrit par Emmanuel Belluteau, papa d’une femme handicapée qui a choisi quelques textes bibliques pour nous éclairer sur la paternité de Dieu. C’est plein d’Espérance.
Simon : Que pouvez-vous nous en partager ?
Par exemple Simon, Emmanuel Belluteau écrit à propos du récit de la marche du peuple hébreu dans le désert avant sa traversée de la Mer Rouge que, « lorsque l’homme est confronté́ à l’épreuve du manque absolu, seule une dépendance acceptée à l’égard de Dieu et de sa parole est propre à le sauver ». A travers cette marche des hébreux et les autres récits bibliques, l’auteur établit un pont entre tout ce qui fait notre humanité et celui qui a créé le monde. J’ai redécouvert un Père compatissant, qui apaise, qui éduque, qui unifie. Cela m’a rejoint et pourrait rejoindre ces papas traversés par le doute, la crainte ou des épreuves. Dans la parabole de l’enfant prodigue en Luc, 15, c’est la figure d’un père qui demeure dans l’amour, malgré la déception et la chute de son enfant. C’est une belle image de l’amour gratuit de Dieu notre Père qui permet de garder la joie quand le chemin est fait d’embuches.
Simon : Et dans le recueil de témoignages, d’autres paroles pour des papas ?
Oh oui Simon, de nombreuses paroles. Je ne vous en cite une : « Je suis père si j’accueille la vie, si je consens aux difficultés, et si, malgré́ tout, je témoigne que la vie en vaut la peine ». Et ce père ajoute : « Finalement, ma plus grande responsabilité́ de père est sans aucun doute d’être un premier reflet du Père éternel, et de ne pas trop brouiller son image ». Je suis très touchée par ces papas qui nous enseignent que la fragilité est un lieu privilégié de rencontre et d’expression de l’amour paternel, un lieu où les cœurs, toutes les défenses et toutes les illusions étant tombées, sont prêts à accueillir et à donner un amour gratuit qui nous vient de notre Père éternel. Dans les difficultés, comptons sur la présence attentionnée de notre créateur.
Florence Gros sur Radio Notre Dame – 27 Septembre 2022