LES GRANDS-PARENTS
Simon : On parle des parents, des frères et sœurs d’un enfant handicapé. Les grands-parents, on n’en parle quasiment pas, est-ce qu’ils peuvent être aussi affectés par le handicap de leur petit-enfant ?
Je vais vous raconter, Simon, une petite histoire que je n’oublierai jamais. Je suis à une sortie de messe d’un mariage et en train de descendre les quelques marches d’escalier (pour accueillir sur le parvis de l’église, les nouveaux mariés) quand des parents d’amis que je n’avais pas vu depuis bien longtemps viennent à ma rencontre. Je savais qu’ils étaient grands-parents plusieurs fois. La maman me dit un rapide bonjour et enchaine en disant « le ciel m’est tombé sur la tête, Caroline attend un enfant handicapé ». Caroline est sa dernière fille et cette grand-mère voyait sa vie basculer. Sa vie … la sienne et celle de sa fille. Cette interpellation sonnait comme un cri de détresse.
Simon : un cri qui devait contraster avec l’ambiance joyeuse du mariage.
Vous savez, Simon, nombreux sont les grands-parents qui témoignent de cette souffrance quand le handicap survient dans leur famille. Ceux qui participent à la journée des grands-parents organisée par l’OCH disent qu’ils portent une double peine, celle de savoir leur enfant et leur petit-enfant dans l’épreuve. Grands-parents chevronnés ou pour la première fois, ils doivent apprendre à vivre cette nouvelle réalité, accueillir leur peine indicible qu’ils n’osent pas toujours avouer, accepter parfois leur impuissance, retrouver leurs repères et prendre leur place, une juste place.
Etre un pilier, un gardien, un trésor … ce sont de beaux objectifs à méditer
Simon : Quelle serait cette place ? est-elle si différente des grands-parents non concernés par le handicap ou la maladie ?
Un grand-père me confiait un jour « Au début, je me disais, qu’est-ce que je peux offrir à mon petit-fils autiste qui ne me regarde pas. (Je me demandais même si son handicap n’était pas un défaut d’éducation). Je l’aimais comme ses frères mais c’était pas pareil … ses frères, je pouvais jouer avec eux, je pouvais leur raconter mon histoire. Il m’a fallu du temps pour l’accueillir pleinement ». « C’est pas pareil » : s’ajuster, dépasser les apparences, c’est un chemin ! et nombreux sont les grands-parents qui forcent mon admiration parce qu’ils font ce chemin pour devenir cette présence aimante, rassurante, (confiante) à l’égard du petit-enfant mais aussi de leur enfant.
Dans sa prière aux Grands-parents, le pape émérite Benoit XVI écrit et je cite un extrait :
« Regarde les grands-parents du monde entier. Protège-les ! Ils sont une source d’enrichissement pour les familles, pour l’Eglise et pour toute la société. Soutiens-les ! Tandis qu’ils vieillissent, puissent-ils continuer à être pour leurs familles de solides piliers de la Foi évangélique, des gardiens de nobles idéaux familiaux, des trésors vivants de profondes traditions religieuses. Fais d’eux des maîtres de sagesse et de courage, afin qu’ils puissent transmettre aux générations futures les fruits de leur mûre expérience humaine et spirituelle ».
Être un pilier, un gardien, un trésor … ce sont de beaux objectifs à méditer. Le pape n’oublie pas non plus que les grands-parents vieillissent. Ils doivent donc veiller à leur santé et à leur équilibre. C’est pourquoi l’OCH organise le 25 novembre prochain à Paris et pour la première fois, le 26 novembre à Nantes, des journées pour les grands-parents d’une personne malade ou handicapée afin qu’ils se ressourcent, qu’ils partagent, et envisagent l’avenir dans l’Espérance et la joie d’une relation possible avec leurs enfants et petits-enfants.
En savoir plus : https://www.och.fr/evenement/journee-des-grands-parents-2/
Chronique de Florence Gros sur Radio Notre Dame – 25 octobre 2022