Des discours aux actes
« On attendait un discours mobilisateur, et c’est ce qu’il a fait… Après, ça ne reste qu’un discours ». Ces mots sont de Arnaud de Broca dans le Huffington post. Il est président d’un collectif de 47 associations dans le champ du handicap, et il réagit en ces termes au discours du président de la République, le 11 février dernier, en clôture de la conférence nationale handicap.
« Mobilisateur » est le bon mot à double titre. D’abord parce que le plan d’action du gouvernement est ambitieux, mais aussi parce qu’il engage beaucoup d’acteurs : tous les échelons politiques, tous les ministères, les administrations nationales et territoriales, agents économiques, associatifs, et j’en passe. Les annonces n’ont pas manqué : scolarisation – formation professionnelle – emploi – accessibilité – familles – santé – retraite – dignité – autonomie – ressources – simplification administrative… tous les champs sont concernés, et dans chaque domaine, les objectifs sont précis, tant dans le contenu que dans les délais. Il y a de quoi se réjouir !
Mais on peut comprendre aussi la perplexité, la crainte qu’il y ait loin du discours à la réalité, surtout si on regarde un peu en arrière. Déjà en début de mandat, les ambitions affichées étaient grandes. Le bilan à mi-course est mitigé. Des progrès ont été réalisées, qu’il faut saluer, mais on est loin de l’ambition de départ, et parfois même on a eu le sentiment de régresser. Mais aussi, parce que cette conférence avait lieu symboliquement au jour anniversaire de la grande loi du 11 février 2005. Cette loi était elle aussi très ambitieuse. Et là aussi, hélas, on est loin d’avoir réalisé les objectifs et tenu les échéances. Il y a donc de quoi être perplexe. Mais raison de plus pour être volontariste ! Il s’agit d’unir toutes les forces de la nation pour mettre en œuvre ces mesures qui font consensus.
Il serait dommage que cette unité soit affectée par l’initiative de la Secrétaire d’Etat Sophie Cluzel. Elle a choisi, juste en amont de cette conférence nationale, de se déclarer favorable à l’instauration du métier d’assistant sexuel pour des personnes handicapées, en chargeant aussitôt le Conseil Consultatif National d’Ethique d’une réflexion sur le sujet. Celui-ci avait déjà rendu un avis négatif il y a 7 ans. Ce n’est pas si vieux ! Déjà les débats s’enflamment, qui divisent et clivent au moment où il s’agit plutôt de s’unir. Était-ce bien nécessaire ? On peut se le demander.
Philippe de Lachapelle sur Radio Notre Dame