Des ronds d’amour à l’infini !
« J’ai envie de vous rendre hommage, de nous rendre hommage. A nous, les parents ayant un enfant handicapé ». Ces mots sont de Marielle dans ombresetlumiere.fr. Elle est maman de six enfants, dont Géraldine, handicapée mentale. Pour elle, comme pour tant de parents, le confinement a été et continue souvent d’être difficile. « On a tenu, on a tenu deux mois. Une heure à la fois, un jour à la fois. On a tenu. Et on va encore tenir ! »
Parfois même, ça a été trop difficile ! « On a trébuché -dit-elle- on a failli sombrer ». Ils avaient à vivre comme un double confinement : dans l’appartement, certes, mais aussi dans le handicap. « On a parfois culpabilisé de ne plus supporter leur handicap, leur lenteur, leurs idées fixes ». Et puis cette peur de tomber soi-même malade, de ne plus pouvoir s’en occuper !
Pour tenir, il y a eu les liens avec leurs familles, qui dit-elle « s’inquiétaient et nous portaient à distance ». Il y a eu aussi les échanges entre parents d’enfants handicapés : « savoir que nous étions plusieurs à vivre la même chose nous a aidé à tenir ». Il y a eu enfin et surtout les ressources personnelles que leurs enfants handicapés ont révélées : « on a redécouvert leurs capacités -dit-elle- on a tenu avec eux, grâce à leur force de vie, de lien et d’amour… On a tenu car on s’est mis à leur pas… On a buté contre leur lenteur, mais en s’y coulant, on a accepté leurs limites et accepté les nôtres.
Et Marielle d’inviter à applaudir ces parents et leurs enfants handicapés: « Soyons fiers de nous, soyons fiers d’eux !». Ils le méritent bien, ces parents. L’OCH en est témoin tous les jours, notamment au service écoute et conseil qu’ils peuvent appeler aussi souvent que nécessaire pour partager … et tenir ! Mais on peut aussi les remercier : leur engagement a une portée qui va bien au-delà de leur seule famille. C’est la psychanalyste Geneviève de Taisne qui le disait, là encore dans Ombres et Lumière : « A travers les handicaps de vos enfants, ce sont toutes les malformations du monde, tous nos handicaps, qui sont acceptés, soignés, aimés. Merci à vous toutes qui travaillez dans l’ombre et parfois le désespoir. Chacun de vos gestes est comme un caillou dans l’eau qui fait des ronds à l’infini, des ronds d’amour ».
Les malformations du monde sont nombreuses et douloureuses. Cette crise en est le révélateur. On a et on aura demain bien besoin de ces ronds d’amour pour les soigner !
Philippe de Lachapelle sur Radio Notre Dame