Confronté à l’IMG, trouver un espace de liberté
« C’est à nous qu’appartient cette décision. C’est notre vie ». Prescilia qui s’exprime ainsi dans les colonnes du magazine Ombres et Lumière est la maman de Jessica, petite fille atteinte de spina bifida. Elle se souvient des échanges avec le médecin au terme de l’échographie qui a confirmé le diagnostic : « Elle nous a dit qu’il n’y avait pas d’autre solution que de faire une IMG, interruption médicale de grossesse ». Elle se rappelle la violence des termes : « C’est le cas le plus grave. Votre fille sera un légume… Si vous voulez on a une place cet après-midi pour une IMG ». En état de sidération, le refus jaillit : « Tant que je n’avais pas tout tenté pour mon bébé, je ne pouvais interrompre cette grossesse » dit-elle. En dépit de toutes les pressions, le couple décide alors de tenter une opération in utero en Belgique pour diminuer le handicap du bébé. L’opération réussit, Jessica porte un handicap, certes, mais va bien et progresse chaque jour dans son développement.
Ombres et Lumière a consacré ainsi tout un dossier sur les enjeux de liberté face à l’IMG. Car la situation de Jessica est révélatrice de ce que vivent la plupart des couples à l’annonce du handicap in utero : entre pressions médicales et familiales, l’espace de liberté est très réduit. De nombreux couples décident une IMG faute de possibilité pour réfléchir. « Certains noircissent la situation par charité, -commente une gynécologue- pour que la mère n’ait aucun remord à arrêter ». Une autre ajoute : « Les médecins considèrent qu’il vaut mieux une IMG plutôt qu’un mauvais procès après la naissance du bébé handicapé. Alors ils maximisent les conséquences pour s’assurer que les parents comprennent que c’est très grave ».
Le projet de loi bioéthique, prévoit, hélas, la suppression du délai de réflexion d’une semaine pour une IMG . C’était jusque-là obligatoire . Dans ce contexte, les initiatives pour redonner de la liberté au couple sont encore plus indispensables. Ombres et Lumière nous en fait connaitre : échanges sur des pages facebook, lieux d’écoute, lignes téléphoniques, séjours de répit, rencontres avec d’autres parents ou des pédiatres… L’enjeu est de permettre au couple, sans jugement aucun, de garder leur position de parents, avec leur liberté de décision, sans que le tempo leur soit imposé par l’entourage.
Philippe de Lachapelle sur Radio Notre Dame