L’accès aux soins des personnes handicapées, un enjeu sociétal
« Je ne comprends pas pourquoi les fauteuils ne sont pas bien pris en charge. Les fauteuils sont nos jambes. C’est de la survie. » Richard, qui s’interroge ainsi est handicapé moteur à la suite d’un accident de la vie. Il constate que la participation de la sécurité sociale à l’acquisition de son fauteuil roulant est très limitée. Même en cumulant toutes les aides possibles, le montant qui lui reste à charge est trop élevé pour ses modestes revenus, au point qu’il fait appel à l’aide de sa famille. D’autant qu’il y a bien d’autres équipements et besoins de soins indispensables, qui nécessitent qu’il y aille de sa poche!
On le sait, la question financière est l’un des facteurs récurrents du renoncement aux soins pour beaucoup de personnes handicapées. Nombre d’entre elles vivent en dessous du seuil de pauvreté, alors même que leurs besoins en santé sont nettement plus importants que la moyenne. Beaucoup de soins sont mal remboursés, voire non remboursés, alors qu’ils ne peuvent s’en passer. C’est ce constat que faisait il y a un an APF France handicap devant une commission parlementaire sur l’accès aux soins des personnes handicapées. Et cela touche tous les handicaps. « L’Etat organise l’apartheid médical des personnes épileptiques » titrait par exemple en février dernier l’association Epilepsie France. Elle protestait ainsi contre le déremboursement de certains médicaments, chers, dont ne peuvent se passer certains malades. « Je n’ai pas cette somme » témoignait alors douloureusement une maman.
La loi prévoit -je cite- « la prise en charge collective et solidaire des conséquences financières et sociales de la maladie, de l’accident, et du handicap par le système de protection sociale ». Ce beau principe manifeste notre appartenance commune et les liens de solidarité qui nous unissent. Il nous engage à ce que chacun, et notamment le plus fragile, bénéficie de services de santé abordables et de même qualité que ceux offerts à d’autres.
On en est loin ! Raison de plus pour nous y atteler. Car comme dit Cynthia Fleury, auteur de « le soin est un humanisme », « ne pas soutenir le soin, c’est ruiner la solidarité » . Or, le pape François ne cesse de le répéter, à chaque fois que l’on renforce les solidarités avec les plus fragiles, c’est toute la société qui grandit.
Philippe de Lachapelle sur Radio Notre Dame