Eloge de la frugalité
« Il y a une pastorale des migrants, une pastorale de la famille, une pastorale spécifique pour bien des situations particulières. Pourquoi pas une pastorale pour les chrétiens possédants ? Ce questionnement est de François Bal, ancien directeur de l’OCH, dans le livre qu’il vient d’écrire chez Artège : « Notre terre – éloge de la frugalité ».
« Notre terre », la formule est belle, mais l’auteur constate combien en réalité, elle soulève des sentiments contrastés. « Nous aimerions tant affirmer que la terre est à chacun d’entre nous -écrit-il- un merveilleux patrimoine offert en partage à toute l’humanité, tel que voulu par le Créateur ». Au fond, pouvoir dire « notre terre », comme nous disons « notre père ». Hélas, nous le savons, il n’en est rien, les injustices sont criantes de toute part. Et ce qui taraude François Bal, c’est que la communauté chrétienne participe de cette injustice en ne se donnant pas assez les moyens pour s’y confronter. Comme si les paroles de Jésus si claires sur le sujet n’avaient pas prises sur nous : « tout ce que tu as, donnes le aux pauvres, puis viens, suis-moi ». Comme si les réflexions successives des pères de l’Eglise, des saints, des papes, étaient lettre morte ou presque.
Et voilà qu’avec Laudato Si, notre Pape François a relancé le sujet. François Bal s’appuie sur le souffle de cette encyclique pour nous introduire à la notion de « juste propriété », une invitation à réfléchir sur ce qui est nécessaire et convenable à chacun, et donc à partager ce qui excède. Il nous fait l’éloge de la frugalité comme un chemin de liberté. Un chemin concret, exigeant, certes, mais qui nous conduit à une joie profonde, parce qu’il s’agit d’un chemin de communion ! Communion avec l’autre, avec la nature, avec soi-même, avec Dieu. Car « tout est lié » nous rappelle si bien le pape François dans Laudato SI. Nous sommes interdépendants, et c’est une bonne nouvelle !
« La question est d’y aller ! » lance François Bal en conclusion. Aller où ? « à la rencontre de la personne pauvre » -répond-il. Parce que le pauvre, visage du Christ, a le talent de nous entrainer sur ce chemin joyeux de l’interdépendance. On peut faire confiance à l’expérience de François Bal : depuis 40 ans, c’est son expérience à Foi et Lumière, c’est aussi celle de l’OCH. Alors, si vous vous demandez où trouver des lieux de rencontres avec des personnes pauvres, adressez-vous à l’OCH. Nous saurons vous en proposer.
Philippe de Lachapelle sur Radio Notre Dame