La consolation dans l’humiliation
« Il y a peu de jours où je ne sois humilié ». Ces mots sont de Jean-Baptiste Hibon, infirme moteur cérébral, lors d’un témoignage à Paray le Monial. Il donne l’exemple simple d’un ami qui lui proposait maladroitement de garer son véhicule à sa place, comme s’il en était incapable. Il aurait pu parler aussi de ce jour ou des paroissiens ont voulu s’occuper de ses enfants alors que sa femme s’était absentée, comme s’il avait été un père inapte. Humilié !
Les personnes handicapées et leurs familles, ont souvent à vivre des situations blessantes, voire humiliantes. Parfois, l’intention est bel et bien de blesser : « quand on est dans votre état, on ne fait pas les courses le samedi » s’est entendu dire une personne en fauteuil roulant dans les allées d’un supermarché bondé. Ou encore cette femme à la poste, qui avec sa carte de priorité coupe la file d’attente, et qu’on apostrophe : « quand je vous vois, moi aussi, je pourrais la demander la carte d’handicapé » .C’est humiliant !
Il y a aussi ces phrases, ces gestes, bien intentionnés, mais si maladroits : « Tu es très intelligente malgré ta surdité »… « Ah bon, tu fais du sport quand même, avec ton handicap ? »… « Ca ne m’a pas gêné que mon fils invite le tien malgré sa maladie »… Parfois, cela peut blesser d’autant plus que ça vient de proches, amis, famille, vous, moi, peut-être. Nous sommes tous capables de blesser, dès lors que nous entrons en relation.
Oui, l’humiliation est fréquente pour beaucoup de personnes handicapées, comme en témoigne Jean-Baptiste. Honte, mépris de soi, colère, parole, humour, pardons, Jean-Baptiste a tout connu et tenté face à ces blessures. Il ajoute alors d’une voie forte « J’ai découvert que face à ces humiliations, ma consolation n’est pas à attendre d’un moment meilleur pour plus tard. Ma consolation, elle est dans l’humiliation elle-même. Parce que je sais que Jésus s’est humilié, qu’il prend sur sa Croix mes humiliations, et que je participe aux siennes – Elle est là ma consolation !» lâche-t-il dans le grand silence d’une assemblée en prière.
« N’ayez pas peur de suivre Jésus sur le chemin de la Croix » lançait le Pape François aux jeunes en avril dernier. Pour certains, ce sera la douleur physique, pour d’autres la solitude, la souffrance psychique, ou encore l’humiliation comme Jean-Baptiste. Elles sont diverses les façons de suivre Jésus sur la Croix, mais c’est toujours pour que l’amour ait le dernier mot !
Philippe de Lachapelle sur Radio Notre Dame