Les TOC, un cycle infernal dont on sort
« Je suis à la porte… Les plaques de cuisson sont sur 0, donc bien éteintes. Je vais voir le robinet de la douche, il ne coule pas. Un doute m’envahit… suis-je certain que les plaques étaient bien éteintes ?… Je retourne vérifier ». Mathieu, qui témoigne ainsi sur neonmag.fr, souffre de TOC, troubles obsessionnels compulsifs. Il décrit l’infernale procédure chaque matin avant de sortir, cette check-list mentale qui peut durer jusqu’à deux heures : Plaques – robinets – radiateurs – prises – fermetures… et on recommence. « L’idée m’obsède -dit-il- si les plaques mettaient le feu, mon immeuble s’enflammerait… une dizaine de morts… Vu l’enjeu, je retourne vérifier… et j’angoisse encore plus parce que je rate les trains et j’arrive tard au boulot »
Mathieu ne souffre pas de démence. Les TOC sont juste des troubles anxieux avec des pensées obsédantes et des actes répétitifs. Les obsessions, que la personne sait absurdes, s’imposent, générées par des peurs en partie fondées : contaminations, soucis de sécurité, peurs de poser des actes impulsifs… les actes répétitifs, eux, sont irrépressibles, pour calmer l’angoisse : nettoyages, vérifications à l’infini, parfois des formules conjuratoires, … des choses toutes simples, mais qui peuvent envahir tout.
Un à trois pour cent d’entre nous souffrons de TOC. C’est beaucoup ! Et pour plus de 1 pour cent il s’agit de troubles sévères, comme c’est le cas de Mathieu. Parfois cela se cumule avec d’autres pathologies, schizophrénie, dépression, et autres syndrome Gilles de la Tourette. On ne connait pas bien les causes, qui sans doute se croisent : génétique, neurochimie, tempéraments inquiets, perfectionnistes, au sens moral suraigü… et souvent un traumatisme comme facteur déclenchant.
On ne guérit jamais totalement des TOC, mais la bonne nouvelle, c’est qu’on apprend à les contrôler et à vivre avec, notamment grâce à des thérapies cognitivo-comportementales. Cela permet de trouver un peu de cette paix tant désirée. En témoigne Laurence dans Ombres & Lumière, qui dit avoir retrouvé confiance : « Ce qui prenait plus d’une heure chargée d’angoisse, s’effectue maintenant dans le calme en quelques minutes -dit-elle- Je sais que je resterai fragile, mais de ce trouble est né en moi un désir profond de vivre dans une grande conscience de l’instant présent ». Une expérience spirituelle pour elle, qui se souvient de ses cris vers Jésus dans les moments d’angoisse. « Il est venu habiter mon chaos intérieur et le transformer » conclut-elle
Philippe de Lachapelle sur Radio Notre Dame